Témoignage de Pauline

Je suis passée par toutes les phases des troubles alimentaires au cours de ma vie : anorexie dans l’enfance, hyperphagie et sport de haut niveau à l’adolescence, une légère prise de poids critiquée qui a redéclenché une anorexie sévère, des périodes d’évictions alimentaires et de véganisme militant entre 25 et 28 ans, puis des régimes variés (cétogènes ; fruits/légumes ; évictions diverses) accompagnés de sport à outrance, des crises de boulimie, …

J’ai récemment pris conscience d’une chose : la « guérison » est une chose personnelle, différente pour chacun d’entre nous.

Pour moi

Je saurais que je suis guérie quand je ne me ferais plus du mal, que je me ferais du bien, et que je vivrais en harmonie en acceptant mon caractère, et ma personnalité.

Je sais que ma guérison ne dépend pas de mon poids.

Je sais que ma guérison ne dépend pas de mon apparence physique. Je sais que ma guérison ne dépendra pas des aliments que je mangerais ou non. Je sais que ma guérison ne s’évaluera pas en quantité ingurgitées ou non. 

Je serais guérie quand je n’y penserai plus. Quand je rechercherais à me faire du bien. Quand j’assumerais mes choix et mes refus de choisir. Quand je serais une héroïne pour moi-même qui a confiance en elle et qui se donne tout l’amour qu’elle désir.

La prise de conscience

Jusqu’à l’année dernière, je n’ai pas demandé à être soignée de mes troubles alimentaires et je prenais mon problème pour une norme sociale, convaincue que nous avons tous des obsessions pour le contrôle de sa nourriture et de son apparence.

Je voyais la nourriture comme un enfers de Dante, une tentation perpétuelle, qui cache le mal.

Le mal pour moi, c’était d’abord le risque de grossir et de ne plus être à mon avantage. Puis ce mal, je l’ai personnifié dans les ravages de l’industrie alimentaire sur nos corps, et sur notre planète. 

J’ai des diplômes niveaux masters et pourtant j’étais une simplette coincée dans sa tête qui refoulait ses émotions, se persuadait que son mal-être était inévitable, partagé mais tu comme un non-dit partagé par tous les être humains…

J’ai entamé une thérapie cognitivo-comportementale

Voilà quelques principes que je m’applique :

  • Etape 1 : se défaire les faux jugements et suspension du jugement = Ne plus juger la nourriture et ne plus me juger, sur-culpabiliser,
  • Etape 2 : l’acception et la confiance = Accepter le monde comme il est et moi avec,
  • Etape 3 : L’arrêt des souffrances auto-infligées = Ne plus me faire de mal -> j’y travaille encore mais ça va beaucoup mieux),
  • Etape 4 : L’amour de moi, par moi, pour moi = Me faire du bien et accepter de me détendre -> je manque de pratique mais je m’y emploie,
  • Etape 5 : Se sentir bien en société = Avoir confiance en moi et avoir une pensée positive -> je le fais, je m’améliore

C’est tellement compliqué de guérir de tout ça ! Pour moi c’est comme un puzzle mental et j’ai parfois peur qu’il manque des pièces et ne jamais pouvoir le terminer !

Je suis toujours admirative des femmes sexys et bien rondes qui mangent à leur faim. Et de celles qui ont cette chance de vivre sans pensées obsessionnelles.

Mais je n’ai jamais vécu dans un autre esprit et un autre corps, plus large et opulent. Le moindre gonflement reste une terrible angoisse. Parfois, je me surestime et je me dis que je peux tout avoir, mais les TCA ne nous permettent pas ce choix tant que l’on est encore coincée dans certains coins de nos esprits.

J’ai compris beaucoup de chose grâce à mon suivi psychologique.

De grandes révélations me sont apparues sur moi, ma famille, mon évolution, la société.
J’ai compris que, beaucoup de personnes s’en foutent de leurs corps, de la nourriture et de ce qu’en pensent les autres. Leur vie est vraiment plus sereine et simple.

Ces personnes sont belles physiquement ou ne sont pas dans les standards de beauté imaginés par les medias, certain(es) sont minces, maigres, gros(se)s, elles ont toutes sortes d’emplois, de situations sociales, et de niveaux de richesses. Mais elles sont bien avec elles-mêmes.

J’ai ouvert les yeux sur les personnes qui m’entourent : je vis dans un milieu privilégié où je vois des personnes qui réussissent incroyablement socialement, professionnellement…. Et ils/elles ont toutes sortes de passés, origines, de corps et d’allures, même s’il y a aussi beaucoup de clichés…

Je comprends maintenant clairement que nos problèmes de TCA sont des vortexes de stagnation et régression. Il faut en sortir pour pouvoir gouter une autre vie, une nouvelle vie dont nous ignorons la saveur. 

Pour en sortir, il nous faut accepter notre nature personnelle, individuelle et la nourrir sans se faire du mal . Puis, ensuite en se faisant du bien.

Notre mal est un avantage : pour nous guérir nous sommes obligé(e)s de nous comprendre vraiment, de comprendre vraiment les autres, et de devenir plus sage. Voir les vérités qui nous composent demande un peu de courage et pleins de petits efforts, qui finalement seront un grand accomplissement. Embrasser la douceur va transformer nos vies. 

Concernant les boulimies, j’ai compris qu’elles dégoutent et font de vous un monstre mince au visage bouffie et aux mains abimées… Et pourtant, les boulimies vont peut-être me sauver et me permettre de guérir définitivement.

Sans elles je n’aurais jamais commencé ma thérapie, ni évolué dans mes pensées, ni alerté mon entourage sur la réalité affreuse et cruelle de la minceur maladive.

On peut mourir à vouloir être aimé(e) et à vouloir le bien à tout prix ! 

Aujourd’hui, je me dis :

Aime toi comme je t’aime.

Pauline

100 exemples de repas complets pour retrouver des repères et reprendre goût à l’alimentation

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