Crédit photo Crédit @philippe leroux

Bonjour Julie,

Vous parlez souvent de votre apprentissage un peu « autonome » de la cuisine, et vous dites même que vous êtes venue à la cuisine un peu par hasard après quelques années de lutte contre les troubles alimentaires.

Vous pouvez nous en parler ?

Le choix de ce métier ne s’est pas fait par hasard.

Je n’ai pas vraiment eu d’éducation alimentaire. J’ai grandi dans une famille monoparentale, élevée par maman, avec beaucoup d’amour mais la cuisine était vraiment secondaire. Ma mère était actrice et ne voulait pas endosser le rôle de mère au foyer.

J’ai des souvenirs de plateaux télé composé de pâtes cuites 25 minutes et une sauce en boîte. Il nous arrivait aussi d’accommoder les surgelés avec tout & n’importe quoi.

Je ne connaissais pas vraiment ce qu’était de manger à heure fixe, 3 repas par jour.

Ceci a sûrement fait le lit de mes déséquilibres alimentaires.

A 18 ans, j’avais quelques kilos en trop et un pédiatre m’a mise au régime ce qui a été le déclencheur d’un cycle anorexie / boulimie qui a duré une bonne dizaine d’années.

J’ai plongé dans les potions magiques Slim Fast, régimes tous fruits rouges, sans ceci ou cela, … C’est d’ailleurs scandaleux que ça existe encore, en vous expliquant que vous pouvez rester en forme en buvant 450 cal par jour.

J’ai finalement découvert par hasard le plaisir de cuisiner.

Comme j’étais pugnace et têtue, et grâce à ma maman qui était dans le milieu de la télé, je me suis dit :

Tiens je vais faire de la cuisine à la tv

J’ai galéré quelques années car ce n’était pas à la mode. A l’époque, il n’y avait pas toutes ces émissions qui ont démocratisé le plaisir de se mettre en cuisine.

Petit à petit, ma relation à la nourriture s’est améliorée, grâce à mon apprentissage de la cuisine, à plusieurs projets enthousiasmants, une rencontre, je suis tombée amoureuse.

Ce n’était pas simple, j’ai tout à fait conscience de la difficulté de sortir de cet engrenage.

Je suis intimement persuadée que la guérison est liée à la vie, sociale, professionnelle, amoureuse, …

En matière culinaire, vous êtes donc une autodidacte ?

Je n’étais pas scolaire, je n’ai jamais voulu aller dans une école culinaire.

15 ans d’école m’ont déjà paru très très long, j’étais une solitaire, je n’avais pas envie de me mêler aux autres.

J’ai choisi une voie différente, j’ai appris beaucoup de chez moi, en expérimentant, en croisant des recettes de chefs.

J’ai eu la chance qu’Alain Passard me propose de venir observer sa cuisine, j’étais une petite souris.

Puis j’ai rencontré Alain Ducasse qui m’a gentiment ouvert les portes de ses restaurants.

On a monté une collaboration avec Michel Guérard pour Version Féminin. J’allais chaque mois dans sa cuisine et j’ai beaucoup appris.

Cet apprentissage un peu « anarchique » m’a donné une grande liberté dans mon approche de la cuisine, je ne m’interdis rien.

Je fais les choses spontanément, comme je les vis et je fais la cuisine que j’aime.

Au quotidien, ce n’est pas de faire des émissions et de passer à la télé qui m’intéresse le plus, mais plutôt les rencontres, les échanges avec des professionnels passionnés, des artisans de toute la France ou du monde entier, des agriculteurs, des producteurs, … aller chercher les histoires qu’il y a derrière les recettes, l’histoire de la famille qui la cuisine, du village. La cuisine est un moyen de rentrer au contact d’une culture, d’une région, d’une famille.

Vous dites souvent que vous aimez une cuisine simple, sans chichi, et vous ne prônez pas le bio, ce qui est à contrecourant de vos pairs ou de la société actuelle…

En effet, j’essaie de ménager le plus de temps pour mes enfants, c’est ma priorité. Il faut trouver un compromis car la cuisine, ça prend du temps. La nourriture, ça reste de la bouffe, ça reste du partage, il ne faut y loger toutes nos névroses.

Concernant le bio par exemple, chez moi, ce n’est pas automatique.

Si cuisiner doit devenir une prise de tête à aller dans un magasin spécifique pour un aliment, ce n’est plus un plaisir.

Passer son temps à manger des graines et boire du vinaigre dès le matin, non !

Je mange bio autant que possible mais si ce n’est pas bio, je n’en fais pas une maladie. Il y a aussi de bons produits en conventionnels, le problème, c’est l’absence de label fiables pour le consommateur.

Si de temps en temps, je m’achète un sushi tout préparé chez Monop’ ou un sandwich à base de jambon industriel parce que c’est plus pratique, ça ne me pose pas de problème.

Je pense qu’être obsédé(e) par cela est le symptôme d’un malêtre et je considère qu’il ne faut rien s’interdire ni vivre dans la peur des conséquences de ce qu’on va manger.

Par contre, il faut être très vigilant à entretenir notre agriculture qui est menacée. Encourager les gens qui entretiennent nos sols avec respect. C’est un enjeu qui tient la route, peut-être à travers les ventes directes.

Qu’est-ce qu’on trouve à votre table du petit déjeuner ?

 Du pain de campagne au levain, du bon beurre et de la confiture maison : tomates vertes-vanille, framboises ou orange. Je couvre également mes tartines beurrées d’un mélange de purée de noisettes et de miel.

Dans votre verre à l’apéro ?

 Du vin rouge. J’avoue un faible pour le bordeaux. Mon pêché mignon? Le château la grâce dieu les Menuts à saint Emilion 

Le plat qui vous fait saliver ?

 Le lièvre à la royale. C’est un plat exhibe tant, j’en mange 1 fois par an et c’est suffisant tant il est riche !

Votre dessert d’anniversaire ?

Une Pavlova …

A quoi ressemble le menu du dimanche midi chez vous ? 

 Jamais le même: un cassoulet, un poulet rôti, un bar au four…

Qui à votre table idéale ?

Des amis et leurs enfants. Le cercle rapproché…

Pour 6 personnes

Temps de préparation : 40 min

Temps de cuisson : 3 h

Ingrédients

  • 1,2 kg de pommes (mélangées : golden, gala, reinettes, granny – évitez les pommes trop aqueuses comme les belles de boskoop, ou les clochardes)
  • 30 g de sucre vergeoise
  • 30 g de beurre 1/2 sel
  • Zestes d’1/2 citron haché (si les pommes sont très douces)
  • Éventuellement : quelques raisins secs, cannelle

La recette

  • Préchauffez le four à 150° (th 5).
  • Pelez et coupez les pommes en quartiers, puis chaque quartier en 2.
  • Beurrez généreusement le fond et les parois d’un grand moule à charlotte. Tapissez le fond de morceaux de pommes, saupoudrez d’un voile de sucre, de zestes de citron, et de quelques dés de beurre. Recommencez jusqu’à épuisement des ingrédients, couvrez avec une feuille de papier d’aluminium percée de quelques trous et mettez au four. Laissez cuire 3 h.
  • Laissez refroidir toute la nuit (au moins). Démoulez en plaçant une assiette à l’intérieur du moule et retournez d’un coup sec.
  • Servez en parts comme une tarte, avec une bonne crème épaisse ou une boule de glace. N’hésitez pas à ajouter un voile de cannelle.

Le conseil de Julie

Si vous n’avez pas de vergeoise, utilisez du sucre blanc mais votre tarte sera moins dorée.

N’augmentez pas les quantités de pommes car la vapeur ne se développera pas de la même façon si elles arrivent à ras du moule.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Julie dans le magazine Feeleat

👇👇👇

Partagez cet article à vos amis via le lien prévu en haut de l’article !

100 exemples de repas complets pour retrouver des repères et reprendre goût à l’alimentation