On peut pourrait penser à une maladie inventée de toutes pièces, mais l’orthorexie est bien réelle et pourrait avoir des conséquences mortelles.

En ce qui me concerne, je suis devenue obsédée par l’idée de « manger sainement » à la fin de mes études.

Après quelques années à faire la fête, boire un peu trop d’alcool, et manger de façon anarchique (n’interprétez pas mal mes propos, c’est seulement une vie normale d’adolescente…), c’est à l’arrivée de la remise des diplômes et à la recherche de mon premier emploi que j’ai commencé à buggué.
La plupart des discussions de mes amies portaient sur l’apparence, les vêtements qui les valoriseraient au mieux, la conduite sportive, les régimes, …

Bien que je n’aie pas besoin de perdre du poids, chacune de ces discussion s’infiltrait petit à petit dans mon cerveau jusqu’à ce qu’il soit rempli de pensées toxiques.

Manger sainement est devenu une obsession, un mode de vie, une religion. J’ai commencé à modifier mes repas, pour finalement supprimer des groupes alimentaires entiers et limiter drastiquement la taille de mes portions.

Mes amis considéraient que je mangeais « super sainement ». Certains m’ont même dit qu’ils auraient aimé avoir ma volonté. Ils n’avaient pas conscience que j’étais en fait en train de perdre complètement les pédales. Ce n’était pas moi qui dirigeais, c’est la nourriture qui me contrôlait.

Mes journées consistaient à penser à ce que j’avais mangé la veille, ce que je mangerai aux repas suivant, et surtout à ce que je ne devais surtout pas manger.

Certains aliments et groupes d’aliments sont devenus hors limites et je les évitais comme la peste.

Après avoir décroché mon premier emploi, mon orthorexie s’est intensifiée.

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J’ai perdu beaucoup de poids. J’avais tout le temps faim, mais j’avais trop peur de manger ce que je jugeais « mauvais ». Mon énergie a chuté, mes cheveux sont tombés et ma peau a pris un ton grisâtre. Pourtant, on continuait à me féliciter de mon alimentation saine. Mes parents ont remarqué ma perte de poids drastique et m’ont encouragée à manger davantage, mais je voyais leurs efforts comme un plan pour « m’engraisser » et déjouer mes plans. Les rares fois où je mangeais un « mauvais aliment », je compensais par des heures d’exercice, ce qui me donnait une petite illusion de contrôle.

Ce qui se passait en réalité, c’est que je sombrais dans un véritable trouble alimentaire : l’anorexie mentale.

Regardons les choses en face, soyons honnête envers nous-même. L’orthorexie n’est autre que de l’anorexie.

Les six années suivantes ont été un enfer pour chaque bouchée que j’ai prise (et que je n’ai pas prise). Même si je continuais à limiter fortement ma consommation de nourriture et à augmenter mon activité physique, je recevais encore des compliments sur mon mode de vie sain.
Ces commentaires me sont restés et ont noyé toutes les inquiétudes exprimées par d’autres personnes sur mon état de santé.

Ce n’est que lorsque j’ai rencontré quelqu’un qui me plaisait que j’ai été obligée de prendre du recul et de tout accepter.

Même si je voulais croire que je gérais ma maladie, je savais que c’était un mensonge. Tout autour de moi, je me sentais ensevelie sous un tas de publicités qui me disaient de moins manger et de faire du sport, et cette voix dans ma tête qui me disait de continuer à me restreindre.

Pourtant, cette fois-ci, j’avais quelqu’un qui n’allait pas me regarder souffrir en silence. Mon petit ami (maintenant mon mari !) m’a aidée à entamer le long et fastidieux chemin de la guérison. Il ne s’agissait pas seulement de rétablir ma santé physique, mais aussi ma santé mentale. Mon traitement consistait à retrouver un poids de forme ce qui ne pouvait pas se faire sans me réconcilier avec toutes les catégories d’aliments, et donc à modifier ma façon de penser, mon cerveau et la façon dont il percevait la nourriture.

Cela a pris beaucoup de temps, mais maintenant je sens enfin que j’ai un corps et un esprit sains.

Je me suis sentie belle à mon mariage, j’apprécie la variété des aliments et je bouge mon corps parce qu’il se sent bien.

Malheureusement, j’entends encore partout des discours sur les graisses et toutes ces injonctions et fausses croyances sur l’équilibre alimentaire.

Ca me rend folle.

Il va falloir un mouvement massif pour changer le dialogue autour du corps, de la santé et de la forme physique. C’est une noble mission, mais pas impossible.

Quoi qu’il en soit, si mon témoignage raisonne en vous, n’attendez pas avant de remettre en question les normes sociétales de « santé et de bien-être ».

Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde mais surtout pour vous même.

Prenez soin de vous !