Témoignage anonyme

La première fois que j’ai vu une diététicienne, elle a commencé par me peser, puis m’a demandé de ne plus me peser à la maison tout au long de mon parcours de guérison.

« D’accord », ai-je dit, sachant que j’allais me peser dès mon arrivée à la maison et plusieurs autres fois avant la fin de la journée.

Pas dupe, au bout de quelques séances, la diététicienne m’a proposé de lui confier ma balance.

« Pourquoi vous donnerai-je ma balance ? C’est comme ma meilleure amie ».

Je ne plaisantais qu’à moitié…

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« Justement ! », me répondait-elle à chaque fois.

La vérité, c’est que ma balance était plus que ma meilleure amie. Ma balance était ce qui semblait être mon « tout » – elle déterminait mon humeur, ma valeur et mon succès.

J’ai obtenu les meilleures notes possibles à l’université, j’ai décroché le job de mes rêves, j’ai été valorisée par mes collègues…

Tout cela n’avait aucune importance en comparaison à la façon dont ma robe m’allait et au chiffre que je voyais sur la balance plusieurs fois par jour.

La plupart des gens se souciaient d’être performant en réunion, de bien gagner leur vie, des prochaines vacances qu’ils allaient réserver, du film qu’ils iraient voir le prochain week-end…

Et moi, je m’inquiétais surtout de ce que j’allais manger le soir en rentrant chez moi tout en m’assurant de ne pas prendre de poids.

Rien n’avait autant d’importance que cet instrument à piles sur lequel je me hissais chaque matin, et parfois plusieurs fois par jour. Et, si elle disait que j’avais échoué, j’étais dévastée.

Plusieurs mois, plusieurs années durant, je me répétais régulièrement :

Aujourd’hui, je démolis cet instrument de torture. Aujourd’hui, je casse ma balance. Aujourd’hui, je m’en débarrasse. Demain, je ne me pèse pas… Bon, allez, juste une dernière fois…

Et puis un jour, sans savoir comment ni pourquoi, j’ai apporté ma balance à ma diététicienne. Elle ne m’en parlait plus pourtant.

Un jour d’épuisement sûrement. C’était simplement le bon moment.

Et je mentirais si je dirais que j’ai guéri d’un coup de baguette magique, que le trouble alimentaire a disparu du jour au lendemain.

Par contre, j’ai progressé. J’ai moins peiné jour après jour. J’ai moins souffert, moins réfléchi, j’ai gagné en liberté, en spontanéité, et j’ai réappris à m’écouter. A écouter mes envies, mes besoins, ma faim, les signaux de mon corps.

Aujourd’hui, quand mon trouble alimentaire essaie de refaire surface, j’essaie de ne pas voir l’échec, mais de me rappeler mes victoires. De me souvenir que les avancées sont possibles.

Je comprends et j’admets quand j’ai fait une erreur et que j’ai eu tort. Alors, je fais mieux.

Avec cette définition, je n’ai pas d’échec dans ma vie : seulement des succès et des leçons apprises en restant debout sur un terrain solide et pas un instrument de torture.

Aujourd’hui, je suis fière d’être parvenue à me guérir et de ne plus être emprises à mes mensonges sur le trouble alimentaire et l’abus de ses outils, à savoir la balance.

Je suis fière du chemin parcouru et vous encourage, à votre rythme, à vous faire violence.
Car oui, guérir est violent. Mais rester malade l’est encore plus.

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