Chacun d’entre nous vit ses troubles alimentaires de façon différente, avec des émotions qui nous sont propres et un recul très personnel sur ce vécu.

J’ai 25 ans, et j’ai 7 ans de recul.

Je suis simplement vendeuse en décoration pour l’instant mais j’adore mon métier.

Je suis sportive, je pratique la course à pieds et je fais partie d’un groupe avec qui je prends énormément de plaisir à m’investir (organiser, partager, proposer mes idées…).

Nos troubles cachent un tempérament à faire les choses avec beaucoup de démesure.

Dans « démesure », j’entends par-là vivre les choses dans de trop grands extrêmes.
Je m’explique : Je fais les choses à 200%, dans mon travail, dans le sport, en amour…

J’ai été suivie par 3 psychiatres différents, et je retiens une phrase commune à chacun d’entre eux :
« Vous connaissez parfaitement la maladie et avez du recul avec des analyses sur vous-même qui sont plus que justes mais totalement en désaccord avec vos manières d’agir. »

Aussi, nous avons tous entendu ces phrases si difficiles à s’approprier : « Aimez-vous ! » « Soyez égoïste ! »

A lire : pourquoi fait-on des compulsions ?

Le suivi médical peut parfois paraître inutile, pourtant, il me semble indispensable.

C’est pour ça que j’ai rencontré 3 psychiatres différents, 1 diététicienne et même mon médecin traitant avec qui je suis à l’aise.

Je n’ai jamais tenu un suivi plus de 4 mois, mais chacun m’ont permis de monter en maturité quant à ma vie en général.

Pour résumer, je vous parle ici de RECUL et de MATURITÉ.

Je ne suis peut-être pas guérie, je porte des lunettes et pourtant je me vois toujours trop grosse, je fais du sport 4 à 6 fois par semaine en plus de mon métier à 35h et pourtant je n’ai pas l’impression d’en faire assez …

Mais avec le temps, ce recul et cette maturité, je laisse petit à petit partir ce qui coupait ma vie de certains bonheurs simples :

  • A Noël, j’ai fait un cadeau à ma famille : je leur ai annoncé que cela faisait 10 jours que je ne m’étais pas pesée, on pleurait tous de joie.
    Ça peut sembler absurde, mais depuis je me pèse plus qu’une fois tous les 10 jours,
  • Je me suis alors libérée de ce poids qu’était la balance et tous ces chiffres qui me rendaient plus souvent malheureuse que l’inverse,
  • Le fait d’espacer la pesée permet d’accepter plus facilement la prise,
  • Je sors au restaurant avec mes amis et je me fais de plus en plus plaisir en ce qui concerne le choix des plats,
  • Je ne refuse plus systématiquement une sucrerie généreusement proposée,
  • Je goûte ce que je cuisine pour les autres et parfois je me sers une assiette,
  • Je culpabilise moins quand je loupe une séance de sport (qui était prévue dans ma tête)

Parce qu’il est important de sortir de cette bulle, et comprendre que la vie, le bonheur est synonyme de partage, d’imprévus et de lâcher prise.

A lire : Communiquer m’a sauvée

Il faut savoir s’écouter, et j’ai compris de nombreuses choses :

  • J’ai compris que j’avais le droit au repos,
  • J’ai compris qu’il fallait accepter les faiblesses,
  • J’ai compris que cette maladie pouvait vraiment nous faire perdre la vie même si parfois on se dit « je suis loin d’en être à ce stade » (Stop!),
  • J’ai compris qu’avoir froid au point de grelotter quand il fait 20 degrés ce n’est pas normal,
  • J’ai compris que j’avais le droit d’être aimé,
  • J’ai compris que l’amour mérite que l’on fasse des efforts. (Surtout pour nous aussi!!)

Combattez vos peurs de la même manière que vous contrôlez si parfaitement vos faits et gestes.
Notre force mentale vis-à-vis du contrôle sans failles fait de nous des combattants !
Changer les paradigmes et utilisez votre énergie à bon escient, qu’elle vous serve de façon positive dans votre combat.
La tendance tout doucement s’inversera, faites preuve de patience et de persévérance, rien est perdu !

Fanny, 25 ans , certes avec 7 ans de recul mais désormais avec des kilos de bonheur en plus.

Vous aussi, vous pouvez témoigner !