Ma perte de poids a commencé le jour de ma remise de diplôme.

J’avais du faire faire ma robe sur mesure parce que la robe que j’avais essayée dans un magasin classique me faisait ressembler à une triste saucisse – et encore, il fallait que j’arrête de respirer pour réussir à la fermer. Cette expérience m’a mise mal à l’aise. Tellement que pour décompresser, je me suis assise à la table de la cuisine et j’ai mangé trois repas d’un coup pour me soulager.

10 ans plus tard, je me souviens encore à quel point j’ai aimé engloutir cette couche de purée de pommes de terre au gruyère.

J’ai eu mon diplôme et on m’a prise en photo. Je n’ai acheté aucune des photos professionnelles parce que je me trouvais bien trop vilaine sur chacune d’elles. J’ai effacé la plupart des photos que j’avais prises moi-même parce que je ne supportais pas de me regarder. Le jour de la remise des diplômes est devenu ma photo « avant », celle que je montre quand les gens ne me croient pas que j’ai perdu 50 kg.

J’ai rejoint un programme de régime bien connu le lendemain de l’obtention de mon diplôme.
J’avais déjà essayé ce type de programme « régime », à la fin du lycée, mais je me suis retrouvée dans une situation de famine et de frénésie que je ne pouvais pas contrôler.

Alors pourquoi ai-je pensé que cette fois-ci ce serait différent ? Je me pose encore la question.

Au début, ça a marché.

Ce programme fonctionne selon un système de points ; tous les aliments ont une valeur par points, et les membres ont une attribution quotidienne de points qui les aidera à atteindre leurs objectifs. Les fruits et les légumes étaient à zéro point, alors j’ai rapidement appris à manger des fruits au lieu du chocolat quand j’étais stressée, ou à me préparer un très gros dîner de légumes au lieu de prendre de la crème glacée. La tendance à la frénésie était toujours là, mais je me sentais fière et en bonne santé.

J’ai déménagé à plusieurs reprises mais j’ai toujours rejoint des groupes de soutien dans ma nouvelle ville, animés par des hommes ou des femmes énergiques et amusants, qui essayaient d’expliquer la science derrière le programme.

Au départ, j’ai adoré ces réunions et j’ai adoré les gens qui se joignaient à moi une fois par semaine. Une femme est partie pour sa lune de miel et, lorsqu’elle est revenue en ayant pris un peu de poids, le groupe l’a aidée à l’accepter et à passer à autre chose. Ils l’ont aidée à voir que vivre sa vie n’était pas mal, que la prise de poids ne devait pas annuler la magie de son voyage.

J’ai aimé le soutien que je recevais de ce groupe. Il était diversifié et authentique. J’ai adoré ça. J’ai même atteint mon poids le plus bas, près de 50kg de perdus.

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J’ai commencé à verrouiller toute rencontre associée à la nourriture. Tu veux qu’on traîne ensemble ? Seulement à mes conditions ! J’ai contrôlé tous les choix alimentaires. J’ai cuisiné pour chaque fête, choisi chaque restaurant et acheté toutes les provisions. Je me fichais de l’argent qu’il m’en coûtait pour avoir le contrôle, parce qu’on s’occupait de mon corps et de mon esprit.

Certains amis m’ont délaissée; seuls ceux qui pouvaient gérer ma panique maniaque de la nourriture sont restés pas loins.

Chaque moment de ma vie était centré sur ce que je mangeais, quand je mangerais la prochaine fois, et combien de points cela me coûtait.

Ma vie a commencé à s’effondrer. Mon petit ami a rempli notre cuisine de nourriture que je ne pouvais pas manger et a souvent insisté pour que nous sortions au restaurant pour célébrer des événements mondains. Mon travail devenait toxique et j’avais du mal à trouver le temps d’aller courir ou d’aller au gymnase. Bien sûr, mon poids a remonté. J’allais toujours aux réunions, souriante et me sentant encouragée, mais j’avais peu de vrais outils pour travailler une fois que je suis partie.

Je me noyais et j’avais besoin d’aide.

Quand j’ai commencé à participer au programme, je parlais ouvertement de mes compulsions et de l’auto-punition qui les suivaient, et je repartais avec des conseils concrets et réalisables qui m’ont aidée à tenir le coup pendant le reste de la semaine. La semaine suivante, je revenais avec une perte de poids célébrée à la fin de la réunion avec des applaudissements et des mots d’encouragement, comme le veut la tradition. Je me sentais prise en charge, acceptée et normale. Mais avec le temps, les réunions ont commencé à se sentir plus superficielles et prédéterminées, plutôt que centrées sur les membres.

À ce moment-là, j’ai décidé de quitter le programme pour un petit moment. Bien que j’aie adoré la structure et les réunions, j’avais besoin de réfléchir à ma vie avant de continuer. J’ai commencé à courir trois fois par semaine et, bien que je suive toujours tout ce que je mangeais, j’ai cessé d’assister aux réunions.

Puis je me suis blessée.

Une blessure à la hanche m’a sortie de ma routine de course à pied, et le poids a recommencé à grimper.

Je suis alors retournée aux réunions.

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Le programme a changé à peu près à cette époque pour mettre l’accent sur la pleine conscience plutôt que sur le poids, et les réunions étaient souvent axées sur un problème commun : le suivi. Cet aspect du programme s’est glissé dans chaque réunion, comme un disque rayé. J’y suis allée chaque jour mais je n’avais pas besoin d’une conférence sur les raisons pour lesquelles ça marchait – j’avais besoin de parler de la façon d’arrêter de manger. Comment ne pas manger chaque raisin au moment où je les ai achetés, ou comment ne pas économiser tous mes points pour pouvoir profiter du repas de Noël. Personne d’autre ne s’infligeait ça ?

J’ai supposé que non et j’ai continué d’aller aux réunions, d’écouter les inquiétudes « normales » de mon groupe, de faire ignorer mes commentaires, puis de rentrer chez moi et de lutter pour respecter le plan et combattre la bête enragée que j’étais.

Et puis le programme a changé. Encore une fois.

Le nouveau programme exigeait essentiellement que vous planifiez tous vos repas et vos sorties. Les protéines maigres étaient toutes à zéro.

J’ai recommencé les crises. Et j’ai décidé d’arrêter le programme. Pour de bon.

Ce genre de programme sont des régimes qui ont généré mon hyperphagie dès mon plus jeune âge.

Etant maintenant adulte et plus mature, j’ai compris que je ne m’en sortirai pas sans l’aide d’un professionnel de santé.
Je me focalise bien moins sur le poids en lui-même que sur ma santé au global.

Je lutte. Toujours. Mais je me bats et je me concentre sur l’idée de rétablir un corps épuisé.

Mais j’y crois. Toujours.

Sandrine.

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