Cindy a 33 ans.
Aujourd’hui, elle bénéficiera d’une opération dite Chirurgie de l’obésité. Elle a accepté de partager son parcours et d’évoquer la genèse de ses troubles, son déclic, son image d’elle-même et la préparation à l’opération.

Présentation rapide :

Racines des troubles alimentaires :

J’ai 33 ans. Je vis en région parisienne depuis 11 ans et suis en couple depuis 10 ans. Je suis assistante administrative dans le service qualité d’un grand groupe dans le secteur de l’agro-alimentaire.

A l’âge de 8 ans, j’ai commencé à développer des rondeurs localisées aux joues et au ventre.
C’est à cette période que ma relation à la nourriture a commencé à se dégrader, suite aux brimades venant à la fois de mes camarades de classe et de ma famille.

La nourriture est devenue, petit à petit, ma seule source de réconfort. Petit à petit, cette nourriture dans laquelle je me réconfortais est devenue une drogue.

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Développement des TCA :

Le mot peut sembler fort, mais je pense que le caractère addictif des TCA est à prendre en compte largement dans les difficultés qu’on éprouve à en sortir.

 Au fur et à mesure, ces compulsions alimentaires prenaient un caractère de plus en plus « urgent ». J’avais développé le comportement d’une personne en manque. C’est comme cela que j’ai su poser un mot sur ce qui m’arrivait : les troubles du comportement alimentaire.

Ces troubles étaient variables : je passais de l’hyperphagie à la boulimie non vomitive en fonction des périodes et de mon environnement. Plutôt hyperphagique quand je n’étais pas seule, boulimique quand je pouvais céder à loisir à ces compulsions.

Je me sentais alors très mal, et avais décidé de consulter un professionnel spécialisé dans les TCA, une psychiatre psychologue. Le suivi a duré environ 6 mois, j’ai pris des anti-dépresseurs et des anxiolitiques pendant à peu près 2 mois pour m’aider à sortir de ce cercle infernal.

La rencontre

Vers mes 23 ans, j’ai rencontré celui qui partage ma vie aujourd’hui. Je ne pourrais pas décrire en quelques lignes à quel point cette rencontre a été un tournant dans ma vie.
Avec l’amour, l’attention et la bienveillance qu’il m’a donnés, je ne ressentais plus le besoin de me remplir : j’étais comblée.
C’est donc à l’âge de 23 ans que j’ai cessé de faire des crises d’hyperphagie et de boulimie à proprement parler.

Les conséquences

Pour autant, je n’étais pas guérie de ces troubles. Ma relation à la nourriture était fortement impactée par ces années d’excès. A force de faire des crises et de dépasser largement ma satiété, je ne savais plus ce que c’était ni d’avoir faim, ni d’être rassasiée, et mon cerveau avait associé la satiété à la sensation de trop-plein dans l’estomac.
La conséquence directe de ce problème pour détecter correctement le rassasiement, c’est que je dépassais souvent ma satiété et mangeais sans avoir faim. J’ai donc progressivement repris du poids sur 10 années, en plus de celui que j’avais pris pendant mes épisodes d’hyperphagie et que je n’avais jamais perdu.

En 10 ans, j’ai pris 30 kilos.

La stabilisation

Mon poids s’est stabilisé il y a 2 ans. Je pèse, à 2/3 kilos près, le même poids depuis ces 2 années. La raison est simple : j’ai commencé à faire du sport et à réapprendre à reconnaître la faim et la satiété, à déguster ce que je mange. J’ai aussi cessé de me forcer à manger parce que « c’est l’heure » et j’ai abandonné tous ces principes selon lesquels on doit absolument finir son assiette pour ne pas gâcher ou manger à une heure fixe même si on n’a pas faim. Cela m’a permis de retrouver, petit à petit, une alimentation plus intuitive. Ce mot n’est pas là par hasard : pour ce faire, j’ai beaucoup lu les Dr Zermati et Apfeldorfer qui proposent de se réconcilier avec ces notions au travers d’exercices de dégustations et de pleine conscience. Cependant, bien que mon poids n’augmente plus, il ne baisse pas.

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L’image

L’image que j’avais de moi physiquement est restée bloquée il y a environ 20 kilos, et je n’ai pas vu mon corps changer depuis. J’évite soigneusement les miroirs qui reflètent l’arrière, les photos de pied et les miroirs dans lesquels je suis obligée de me voir. Je ne me regarde que de la tête au buste et jamais de profil. Quand je tombe par hasard sur des photos de moi prises par d’autres, je ne me reconnais pas. Je ne suis pas, dans ma tête, la même personne que sur ces photos où je me trouve difforme. Je me crois plus mince.

Le déclic

Il y a un peu plus d’un an, j’ai commencé à souffrir quotidiennement au niveau des articulations : chevilles, bassin, genoux. J’ai régulièrement des épisodes de douleurs musculaires extrêmes qui m’envoient aux urgences sans qu’on ne me trouve jamais rien. Des douleurs lombaires à en pleurer. J’ai développé des œdèmes rétro-malléolaires qui jusqu’à aujourd’hui ne sont toujours pas résorbés.

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J’avais bien-sûr conscience de mon état, je sais depuis longtemps que je suis obèse et que c’est une maladie qui ne s’arrange pas avec le temps, bien au contraire.

Ayant également beaucoup d’antécédents familiaux de diabète, hypercholestérolémie, hypertension, troubles cardiovasculaires et cancer, bien que je ne souffre à l’heure actuelle d’aucun de ces maux, l’avenir a commencé à me faire très peur.

Je ne suis, à l’heure actuelle, physiquement plus capable d’assurer un quotidien non douloureux.

Le parcours

Une fois la décision prise, j’étais déjà pas mal renseignée sur les modalités de la prise en charge chirurgicale de l’obésité. Je suivais déjà des comptes d’opérées, et j’étais très renseignée sur les techniques. Ainsi, j’ai pris directement rdv chez un chirurgien, à l’hôpital privé Claude Galien, à Quincy Sous Sénart. Cet hôpital détient un pôle nutrition et obésité spécialisé dans la prise en charge de ces problématiques, et de la chirurgie bariatrique.

Les démarches et le parcours pour pouvoir bénéficier de cette chirurgie durent généralement entre 6 mois et 1 an. 

Il faut savoir que dans le privé, ces démarches sont parfois raccourcies par le fait que vous faites vos examens et votre bilan à l’hôpital lors d’une hospitalisation courte de 2/3 jours. Dans le public, ce parcours dure généralement plus longtemps, du au fait que vous devez consulter en externe tous les spécialistes.

Pour ma part, j’ai eu un bilan sanguin complet, des radios de mes membres inférieurs, lombaires et bassin, écho du cœur, écho abdominale, radio de l’estomac, ECG, prise de tension régulière, et un suivi nutritionniste, psychologique et diététique dès le départ. Mes résultats n’ont montré aucune contre-indication pour les chirurgies proposées par cet hôpital.

Mes consultations nutritionnistes ont fait ressortir ma forte appétence pour le sucré, ce qui ne m’aide pas à perdre du poids. J’ai donc réduit mes apports en sucre ajouté. Elle a également fait ressortir des repas plutôt structurés avec des quantités normales et une alimentation plutôt équilibrée. La diététicienne m’a donné une « répartition alimentaire » à suivre autant que possible. Elle m’a appris à savoir ce qu’est un repas équilibré et dans quels aliments trouver les nutriments dont j’ai besoin.

J’ai pleinement confiance en l’équipe soignante de cet hôpital et dans le chirurgien qui va m’opérer, et je pense que c’est important d’avoir cette confiance. J’ai pu voir à quel point ils sont impliqués dans le bien-être de leurs patients et le suivi post-opératoire. Durant mon parcours, l’accent a très souvent été mis, et ce par toute l’équipe soignante, sur l’importance de ce suivi. Je ne pourrai pas envisager une telle opération avec une équipe soignante non impliquée, ou un suivi post-opératoire absent.

Je suis également beaucoup soutenue par la personne qui partage ma vie, et c’est essentiel à la fois à mon parcours actuel et à mon suivi après l’opération.

L’opération :

Selon un examen passé chez le nutritionniste, mon excès de masse grasse est actuellement d’environ 50 kilos. L’opération va me permettre de perdre environ 80% de ce surplus de poids sur 1 an, et me permettre de descendre mon IMC à un taux inférieur à 30, ce qui signifie sortir de l’obésité et de ses risques sur la santé.

La chirurgie que nous avons choisie pour moi, en accord avec le chirurgien, le nutritionniste et conformément à mes résultats d’analyse et mon profil nutritionnel est le Bypass en Y. Il consiste en une découpe de l’estomac, qui devient plus petit, et une dérivation au niveau de l’intestin, permettant de créer une malabsorption digestive. Cette malabsorption implique un suivi très régulier sur le plan nutritionnel et une complémentation en vitamines à vie.

J’ai désormais ma date d’opération : le vendredi 04 Janvier 2019.

L’opération dure en moyenne 2h lorsqu’il n’y a pas de difficulté particulière. Elle se déroule sous anesthésie générale et en coelioscopie, c’est-à-dire avec de petites incisions (6 ou 7 en fonction des chirurgiens) dans l’abdomen permettant de passer des outils et une caméra.

Pour le moment, je suis partagée entre la hâte d’écrire cette nouvelle page de mon histoire, et l’angoisse de passer par la chirurgie et ses possibles complications. Je sais néanmoins que les risques que j’encours à me faire opérer sont bien moindres à ceux que je prends en restant obèse toute ma vie.

C’est pour ce rapport bénéfice/risque en ma faveur que ma décision est prise et que je suis déterminée à me faire opérer.

Pour finir, j’insisterai sur le fait l’opération n’est pas une fin en soi : c’est le début d’un long parcours et de beaucoup d’efforts qui dureront toute ma vie pour maintenir un poids « normal » et ne jamais retomber dans l’obésité. Le suivi post-opératoire est vraiment essentiel dans la réussite de cette opération sur le long terme.