M’avouer que j’ai un problème.

Consulter une psychologue, puis une psychiatre.

Oser me confier à mes proches.

Accepter que faire passer la guérison en premier aura peut-être des conséquences sur mes études, ma vie sociale, mes réalisations.

Lors de ma lutte contre les TCA, plusieurs pas ont été difficiles à franchir. Toujours à cause de la peur.

« Peur qu’on me juge ou qu’on me méprise, peur que mes amis ne m’aiment plus, peur d’être une déception pour ma famille. »

Peur de changer, peur que le regard que les autres portent sur moi change. Peur d’être un échec.

Avec beaucoup d’efforts et beaucoup d’aide de mes proches et des professionnels, j’ai pu surmonter mes peurs et franchir l’une après l’autre ces étapes.

Mais cela ne suffisait pas : malgré beaucoup de progrès, j’avais toujours des épisodes de grande détresse. J’avais l’impression d’avoir tout essayé . Je pensais que si tous ces efforts, toutes ces concessions ne m’avaient guérie, c’était fini, il n’y avait plus rien à faire.

Mais il y a toujours quelque chose à faire, une piste à explorer, un traitement à tenter.

La première fois que ma psychologue m’a parlé de prendre des médicaments (anxiolytiques, antidépresseur), ça a été un choc. Honte, tristesse, peur du regard des autres, peur d’être un échec…

J’ai ressenti une multitude d’émotions intenses et négatives. J’étais perturbée, mais j’avais une certitude.

J’avais 21 ans, je faisais des études brillantes, j’avais une famille unie, un amoureux, des amis… je n’allais quand même pas prendre des antidépresseurs. Cette étape-là, je refusais de la franchir.

Et puis un jour où je souffrais particulièrement, je me suis dit que tout valait mieux que cette maladie. Que je n’avais peut-être pas envie d’être « sous médicaments » mais que j’avais encore moins envie de passer chaque seconde de ma vie à penser à la nourriture ou à mon poids, à détester mon corps, à m’isoler, à me faire du mal.

J’avais tort de penser :

« Moi, Juliette, 21 ans, étudiante brillante, amoureuse, en bonne santé, entourée d’une famille et d’amis formidables, je n’ai pas à prendre de médicaments »

Car je n’étais pas juste « Juliette, 21 ans, étudiante brillante, amoureuse, en bonne santé, entourée d’une famille et d’amis formidables ».

J’étais :

Juliette, 21 ans, étudiante brillante, amoureuse, en bonne santé, entourée d’une famille et d’amis formidables, et actuellement boulimique.

De toute façon, vous êtes malade. C’est dur à accepter, mais c’est comme ça.

Dans ce contexte, vaut-il mieux juste être malade ou être malade et se battre contre la maladie ?

J’ai choisi la seconde option. J’ai accepté de prendre des médicaments (anxiolytiques, puis antidépresseurs). Ca a été difficile, et ça l’est parfois encore, mais cela m’a tellement aidée !

Et mes peurs se sont avérées infondées : mes amis ne m’ont pas jugée mais soutenue, mon amoureux m’aime toujours, ma famille n’est pas déçue mais fière. Je suis toujours moi-même. Aujourd’hui je vais mieux, beaucoup mieux.

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Tout vaut mieux que votre maladie. N’ayez pas honte, n’ayez pas peur de vous soigner. Après tout, les problèmes sont là, et refuser de les traiter de ne les fera pas disparaître. Au contraire, c’est les traiter qui vous permettra de les vaincre et de vous détacher d’eux.

Ca demande du courage et de la résilience mais ça vaut le coup.

Et vous le méritez.

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