Se soigner d’un trouble alimentaire est un long processus, qui demande beaucoup d’investissement personnel, mais aussi beaucoup de remises en questions.

Pour me soigner, ces 3 notions ont été vitales :

  • j’ai un problème,
  • j’ai besoin d’aide,
  • il faut que j’accepte mon corps.

1. Acceptez que vous avez un problème

Prendre conscience du problème est la première étape inévitable de la guérison.

Autrement dit, la sortie du déni.

Quels que soient votre poids, votre trouble, que vous renvoyiez l’image d’une personne en bonne santé, à partir du moment où votre rapport à l’alimentation et / ou à votre corps est conflictuel, vous avez un problème.
Je le répète, en prendre conscience est clé.

Ça peut paraître anodin, basique, facile, mais cette première étape peut s’avérer très compliquée. Par déni, par peur, par honte, par conviction qu’on peut s’en sortir seul, que ce n’est qu’une passade, qu’on peut réinverser la tendance « quand on veut ». Les jours, les semaines, les mois passent, et le trouble s’aggrave. Jusqu’à ce jour, où on accepte qu’on a un problème, et que non, on ne s’en sortira pas seul. Viens alors la deuxième étape.

2. Demandez de l’aide

Lorsque vous aurez constaté que vous êtes malade, la prochaine étape va être d’accepter de demander de l’aide.

Cette étape est très compliquée.

Il m’a fallu des mois, des années, après avoir pris conscience que j’avais un problème, pour accepter de l’aide, accepter de rentrer dans un processus de soin, accepter de consulter un / des médecins.

J’avais beau vouloir guérir, vouloir être normale, pouvoir vivre comme mes amis, avancer, fonder une famille, aller au restaurant, faire la fête, ne pas être fatiguée, ma maladie me consumait à petit feu, j’étais épuisée, la nourriture m’obsédait mais j’étais incapable de donner à mon corps ce qu’il me demandait.

Je n’arrive toujours pas à expliquer cette incapacité à répondre à ses besoins, cette période où tout ce que je savais faire, c’était rester immobile dans mon lit à attendre que les heures passent, obsédée par la nourriture, hantée par le manque d’hydratation.

Jusqu’au jour où… j’ai accepté de me faire aider.

J’ai accepté que j’étais en train de couler, que je me rapprochais plus de la mort que de la guérison.

Malgré le fait que je m’auto-persuadais que j’allais mieux, de mieux en mieux, que je savais ce qu’il fallait mettre en place pour réinverser la tendance. Je le savais, mais j’en étais incapable.

J’ai accepté qu’il fallait que je lâche mon contrôle et que je devais faire confiance à des professionnels.

A mon rythme, avec mes mécanismes de défenses qu’il a fallu faire tomber en douceur.

Même si c’était déjà le cas avant, j’étais enfin prête à me battre, pas contre moi mais contre la maladie.

J’ai décidé de m’armer, pas seule et contre moi-même, mais avec toute une équipe prête à se battre à mes côtés.

3. Acceptez ce corps

Dans le processus de guérison, la dernière notion clé est l’acceptation de son corps.

Accepter qu’on souffre d’anorexie et que la guérison passe par une reprise de poids.

Accepter qu’on souffre d’un trouble boulimique ou hyperphagique même si le corps n’a pas un poids hors des normes médicales.

L’étape de s’accepter à un poids normal est obligatoire, sans quoi, la guérison n’est pas.

Le parcours de soin est long et douloureux.

Les pensées ambivalentes sont permanentes. Sensations de lourdeurs, impressions d’avoir trop mangé, peur de grossir. Chaque minute, chaque repas, chaque moment de digestion est une lutte, un conflit interne inexplicable. Dans mon parcours personnel, j’avais beau vouloir guérir, vouloir grossir, je suis passée par des phases extrêmement douloureuses.

Bien que je me trouvais très maigre, j’ai dû faire face aux sensations désagréables de jambes qui grossissent et qui picotent, le visage qui s’arrondit, le ventre qui grossit, l’impression permanente de sortir d’un repas de fête, les changements de taille des vêtements, les séances shopping où l’envie de pleurer est bien trop forte, la difficulté à accepter de ne plus rentrer dans les tailles 32…

Comme une honte de guérir.

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Mais semaine après semaine, gramme après gramme, je me suis petit à petit habituée à ce nouveau corps, ces nouvelles tailles, ces formes encore fluettes mais de moins en moins cadavériques. J’ai même commencé à apprécier ce corps de femme. Encore famélique, mais féminin.

A ce moment précis, vous vous dites que vous avez passé l’étape 2, celle d’être bien entouré(e) de professionnels.

La guérison sera longue, mais vous n’êtes plus seul(e).

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