Ce soir je me suis regardée dans mon rival : le miroir.

Et alors, à nue face à cette image qu’il me renvoyait, j’ai commencé à pleurer. J’ai alors analysé chaque parcelle de mon être, qui m’a semblé énorme.

Mais, aujourd’hui je suis consciente que les troubles du comportement alimentaire font partie de moi. Alors, je tente de reprendre le dessus face à cette vision péjorative de moi-même.

Si je suis capable de cette rétrospective, c’est que je reviens de loin.

Tout en scrutant mon corps, je remarque ces cicatrices que je ne connais que trop bien : ces vergetures que je hais tant, symbole de la douleur infligée à celui que j’ai tant combattu : mon corps.

Manger est rapidement devenu un calvaire, et alors mentir est devenu mon quotidien :

mentir sur mon état, sur la raison qui me pousse à peu ou pas du tout, me nourrir.

Mentir est devenu si facile que je suis parvenue à m’auto convaincre que tout allait bien.

Tout a basculé lorsque j’ai commencé à rejeter le peu de nourriture que je m’autorisais à avaler.

J’ignorais alors que je me rapprochais chaque jour un peu plus de la mort.

Mais, à mesure que je rejetais toute cette nourriture, tous les maux dont je souffrais, et qui me faisaient tant souffrir, semblaient disparaître.

Malgré mes talents afin de dissimuler ce qu’était mon quotidien, mon entourage s’est rapidement aperçu que quelque chose n’allait pas. J’ai alors pu rencontrer des personnes ayant traversé la même lutte pour la vie que moi.

Réaliser qu’on pouvait s’en sortir. Et que même si lutter pour vivre et pour manger est tellement plus dur que de se laisser aller à nos habitudes destructrices, c’est nécessaire.

Je trouve enfin un peu de repos face à ce qui a été pendant deux ans mon quotidien : compter, redouter chaque sortie au restaurant, m’écrouler dans les couloirs du lycée à 9 heures du matin à cause de ma dénutrition, compter et encore compter chaque gramme.

De voir la détresse dans les yeux de mes proches, et leur inquiétude face à ma maladie, car oui nous sommes malades et nous devrons lutter toute notre vie, mais c’est un combat qui mérite d’être mené ; j’ai alors soudain compris.

C’est pour cela que je voudrais m’excuser auprès de moi-même, mais surtout de mon corps pour l’avoir tant haï et maltraité.

Aujourd’hui, je ne compte plus, je ne survis plus comme je l’ai fait ces deux dernières années : désormais, je vis.

Je lutte toujours, mais j’ai compris que cette quête de la perfection était vaine et irréalisable, alors, je me contente juste de cohabiter, en harmonie avec ce que je suis.

Ne prenez pas les TCA à la légère :

vous avez besoin d’aide, et ce n’est pas une honte, j’ai mis du temps afin de mettre des mots sur le mal qui me rongeait, et aujourd’hui encore, le mot « anorexie » semble comme adressé à une autre.

Mais n’oubliez pas que VOUS seuls êtes capables de vous sortir de cette lutte, néanmoins, une aide externe et médicale ou psychologique, est plus que nécessaire.

Faites-vous aider, recommencer à vivre fait un bien fou.

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