Témoignage anonyme

On connait tous le cliché concernant ceux (celles) qui souffrent de trouble alimentaire : une adolescente blanche, issue de la classe moyenne, arrête de manger car elle recherche la perfection. Après un amaigrissement terrifiant et lorsque l’ado a un corps émacié, sa famille intervient. Elle est hospitalisée, et en sort transformée. Elle vécu heureuse et eu beaucoup d’enfants. 🥳 😤

Si cette représentation de l’anorexie et de la boulimie peut sembler vraie pour certaines personnes, elle n’est en fait PAS la norme.

La dure vérité est que les troubles alimentaires ne touchent pas seulement les adolescentes blanches et minces. De nombreuses femmes, et même des hommes, sont aux prises avec des troubles de l’alimentation bien après l’adolescence et jusqu’au milieu de la vie.

Mon parcours peut l’attester

Il y a quelques années, à l’approche de mon quarantième anniversaire, j’ai remarqué qu’une tempête émotionnelle se préparait. D’abord incertaine de ce qui se passait, j’ai lentement commencé à reconnaître la source de mon conflit interne.

À l’approche de la quarantaine, j’ai réalisé que j’avais lutté contre un trouble alimentaire pendant plus de la moitié de ma vie.

Si, au départ, je répondais aux critères de la jeune fille blanche stéréotypée souffrant de troubles de l’alimentation, le temps a passé et je suis devenue une adulte. Je suis devenue une épouse, puis une mère. J’avais tout « pour être épanouie », cliché que je déteste d’autant plus… Pourtant, je luttais encore contre un trouble de l’alimentation au milieu de ma vie.

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Je suis convaincue qu’on peut guérir complètement d’un trouble alimentaire, mais avec beaucoup de recul, s’il y a bien une chose dont je suis encore plus sûre :

On ne peut pas en guérir sans se consacrer pleinement à sa guérison. .

Nous sommes nombreux dans ce cas

Malheureusement, les troubles alimentaires persistent jusqu’à la quarantaine pour de nombreuses personnes. Des études montrent que les troubles de l’alimentation se produisent à un taux élevé chez les femmes et certains hommes au milieu de la vie. Et, fait alarmant, la plupart de ces personnes ne cherchent PAS à se faire soigner pour ces troubles ou ne l’ont pas fait jusqu’ici.

Pourquoi ?

Souffrir d’un trouble alimentaire engendre souvent des sentiments de honte et de secret.

Pour avoir échangé avec de nombreuses personnes dans mon cas, il est courant de penser qu’ « avec un peu de volonté », « je peux y arriver seul(e) », « je sais exactement comment faire ».

Et puis, le temps passe. Et passe et passe et passe.

Et le sentiment de honte grandit. Encore & encore & encore. Et à force, on a tendance à normaliser notre situation.

Le manque de sensibilisation entrave aussi la demande d’aide à l’âge adulte.

Beaucoup de gens ne réalisent tout simplement pas qu’il est possible de souffrir d’un trouble alimentaire lorsqu’on a une vie professionnelle, un foyer à gérer, et qu’on est censé être suffisamment adulte pour se prendre en main et savoir ce qui est bon pour soi.
D’ailleurs, souvent, ce sont les fausses croyances de « ce qui est bon pour soi » qui entretient le trouble alimentaire.

Non, supprimer le sucre et le gluten, ce n’est pas ça « être bon pour soi ».

Non, faire du sport tous les jours pour avoir le droit de manger une pâtisserie le dimanche, ce n’est pas ça « être bon pour soi ».

Malheureusement, les troubles de l’alimentation sont la norme, car nous vivons tous dans une culture obsédée par la santé et les corps minces.

Ils peuvent aussi se déclencher à l’âge adulte, sans signe précurseur

Les scientifiques qui étudient le bonheur ont découvert qu’au cours d’une vie, les gens connaissent ce que l’on appelle la courbe du bonheur. L’idée : si l’on représentait graphiquement le niveau de bonheur de la plupart des gens au cours de leur vie, la courbe ressemblerait à la lettre « U ». En général, les niveaux de bonheur sont plus élevés pendant l’enfance, puis ils diminuent après la jeunesse et atteignent leur niveau le plus bas à l’âge moyen. Souvent, le bonheur commence à remonter vers la cinquantaine.

Ainsi, au milieu de la vie, de nombreuses personnes se trouvent au « bas » de cette courbe du bonheur. Cette expérience est souvent attribuée à l’augmentation des responsabilités au milieu de la vie. Tout en élevant des enfants et en travaillant à plein temps, les femmes en milieu de vie doivent également aider à prendre soin de parents vieillissants ou faire face au chagrin de les perdre. Les troubles de l’alimentation peuvent se développer (ou revenir) comme une façon malsaine et inconsciente de faire face à des émotions difficiles et inconfortables. En d’autres termes, il est plus facile pour moi de me concentrer sur la taille de mon pantalon que sur le déclin de la santé de mes parents ou l’avenir de mes enfants.

Me soigner pour de bon

Petit à petit, grâce aux réseaux sociaux (et oui, il y a du bon), aux remarques de mes enfants grandissants, à une prise de conscience personnelle, j’ai admis que j’avais un grave trouble alimentaire et que je devais me soigner.

C’est alors que j’ai pris rendez-vous avec un psychiatre, malgré ma peur et ma honte.

J’ai suivi ses conseils, j’ai aussi pris contact avec une diététicienne, même si j’étais convaincue que je savais cuisiner et que je savais ce qui était bon pour moi.

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J’ai reçu le soutien dont j’avais besoin pour apprendre à me nourrir et à prendre soin de moi. Et bien que le fait de réalimenter mon corps et de retrouver mon poids ait été une étape importante vers ma liberté, j’ai eu besoin cette fois de faire un travail plus profond.

J’ai compris, une fois de plus, que le problème n’est pas de manger un carré de chocolat à 18h ou une viande en sauce qui m’attire. Ni même une simple salade si mon corps en a vraiment envie (j’ai dit mon corps, pas ma tête).

J’ai aussi rejoint des groupes de discussions, terrifiée à l’idée d’être la plus âgée.

J’ai alors été stupéfaite de rencontrer d’autres femmes dans la trentaine, la quarantaine et même la cinquantaine. Et lorsque j’ai poursuivi mon parcours de guérison en suivant d’incroyables cours en ligne, j’ai rencontré encore plus de guerrières de mon âge.

Faire le travail de guérison qui se cache derrière le trouble alimentaire aux côtés d’autres battantes brillantes, attentionnées, résilientes et courageuses a été d’une aide incroyable.

L’une après l’autre, je les ai vu reprendre leur vie en main, au fur & à mesure que j’allais de mon côté de mieux en mieux.

Sans aucun doute, je crois qu’il est possible pour quiconque de se remettre d’un trouble alimentaire. Quel que soit son âge.