A l’âge de 20 ans, j’ai été diagnostiquée d’un cancer du foie. Plus précisément un cholangio-carninome des voies voies biliaires et intra-hépatique.
Ce qui a alerté les médecins ? Une perte de poids importante et des douleurs dans le côté droit du ventre.

Cancer & alimentation, un parcours du combattant

J’ai subi une lourde opération, appelée une hépatectomie droite (on m’a retiré la moitié droite de mon foie) ainsi qu’une ablation de la vésicule biliaire.
Après l’opération, c’est là que les difficultés à manger ont commencé.
D’après les médecins, les douleurs étaient « normales » après une telle opération.

Mais je me suis mise à angoisser à chaque repas.

Pour moi, ces douleurs étaient le signe que mon cancer allait revenir.
Il faut savoir que lorsqu’on vous enlève la visicule, vous avez du mal à digérer tout ce qui est un peu « gras » car les matières grasses arrivent directement dans vos intestins, et cela était très inconfortable, voire me rendait malade.

Puis sont arrivés les résultats de l’anatomie pathologique, un examen médical d’analyse des tissus.
Personne n’a su m’expliquer j’avais développé un tel cancer, qui ne survient en général que chez des personnes âgées ou sur un foie déjà affaibli et malade.

Certains ont supposé que ce pouvait être le choc de la séparation de mes parents survenue 3 ans plus tôt…

Je me suis alors mis en tête que ce cancer, c’était forcément de ma faute …

D’un coup, j’ai refusé de continuer à manger comme je le faisais avant de tomber malader. Pourtant, je mangeais plutôt équilibré. Peut-être un Mcdo par mois quand j’étais au lycée…

Alors je me suis mis a bannir des aliments de mon alimentation : plus de viande car dans mon esprit, elle pouvait être cancérigène, plus de yaourts car j’avais en tête que les produits laitiers n’étaient pas très bons. Les féculents ?  Je les évitais au maximum.

Je me concentrais sur les fruits et légumes…

Même une compote, je refusais de la manger entièrement par peur du sucre qu’elle pourrait contenir.

A lire : Cancer & alimentation, attention à la cachexie

Les traitements m’ont encore enfoncée

J’ai du subir 6 mois de chimio « préventive » au vu de mon âge. Cette dernière me coupait l’appétit et me fatiguait énormément. J’avais sans arrêt un goût métallique dans la bouche qui me dégouttait des aliments. Les odeurs de nourritures me dégoûtaient.

Le seul aliment qui me réconfortait était la glace menthe chocolat qui m’enlevait ce goût quelques instants. C’était devenu notre rituel post chimio avec ma maman.

Sans trop de surprise, les kilos se sont mis à dégringoler …

De 45 kg après mon opération je suis passée à 33,4 kg après ma chimio…

Je savais que ce n’était pas « bien » mais je n’arrivais plus à m’arrêter de tout contrôler. Il fallait que je mange « sain » pour ne pas que mon cancer revienne. Et que je ne mange pas beaucoup car si je mangeais de trop, mon ventre gonflait (ce qui est tout a fait normal quand nous digérons) et pour moi ce ventre gonflé était synonyme de cancer…

Je me suis alors enfermée chaque jour un peu plus dans l’orthorexie

Je ne voulais plus sortir, plus voir personne mis à part mon chéri.
J’ai refusé de nombreuses hospitalisations.

Et puis il y a eu cet ultimatum : après 7 ans d’amour, mon compagnon voulait tout abandonner, il n’en pouvait plus de me voir mourir a petit feu. Il ne voulait plus voir ça.

Alors ce fut le déclic pour moi. J’ai décidé de me battre et de me sortir de ce cercle infernale.

La première étape, le rendez-vous avec une nutritionniste

J’ai pris rdv avec une nutritionniste qui a été adorable avec moi. Elle m’a rassurée sur mes craintes, m’a guidée.

Elle m’a appris à aimer cuisiner pour moi et plus seulement pour les autres.

J’ai alors pris plaisir au « fait maison » et aux bons petits plats ou gâteaux fait maison, que j’ai préparé et remangé en complément de mes fruits et légumes.

Après plusieurs mois, j’ai pu reprendre mon métier d’aide soignante.

Au début cela a été très difficile. Mon corps trop longtemps sous alimenté ne comprenait plus et m’en faisait baver. Plus je mangeais, plus j’étais malade, même si j’augmentais petit à petit. Mes intestins n’étaient plus habitués. Au début, je continuais à perdre du poids. J’avais de grosses douleurs au ventre… Mon ventre était gonflé, ballonné.

Plus d’une fois j’ai voulu tout arrêter, rester dans ma petite zone de confort qu’était l’orthorexie.

Mais grâce au soutien de mon chéri, j’ai continué. J’ai mangé un peu plus chaque jours.

Un peu plus de féculents, une compote entière, puis un yaourt..

J’ai continué mes efforts. Mon ventre était gonflé mais je m’habituais.

Le lendemain matin tout revenait à la normale.

A lire : comment savoir si je souffre d’orthorexie ?

Les kilos de vie sont réapparus

Mes kilos de vie recommençaient à venir. J’avais moins froid. Je n’étais plus frigorifiée et ne devais plus mettre plusieurs couches de vêtements pour ne pas avoir froid. Je recommençais à sortir, à tenir des discussions.

Puis je me suis passionnée pour la diététique, et  j’ai décidé de passer par correspondance mon certificat de naturopathe.

Ce fut un véritable déclic.

Mon poids stagnait autour des 40 kg. Puis au travers mes cours, j’ai pu comprendre mes douleurs abdominales. Je me suis diagnostiqué une intolérance au lactose. Qui fut confirmée par un allergologue. Pour lui, cette intolérance était inévitable avec mon opération.

Deux années où j’avais souffert et ou je ne comprenais pas pourquoi j’avais si mal au ventre.

Grâce à cette découverte, j’ai pu reprendre les derniers kilos qui me manquaient.

La paix avec mon corps

J’ai pu faire la paix avec mon corps et mon esprit.

Je me suis mise au yoga ainsi qu’a la méditation.

J’ai appris a comprendre mon corps. A l’accepter tel qu’il était. Ce travail ne se fait pas en  jour. Il demande un travail sur soi de plusieurs mois, il implique d’apprendre à lâcher prise, ce qui me semblait encore inconcevable il y a quelques mois.

C’était OK d’avoir le ventre gonflé après un repas. C’est le processus normal auquel chaque être humain est confronté. Ce n’est pas pour autant que mon cancer allait revenir.

Mes prises de sang n’avaient jamais étaient aussi bonnes que depuis que je remangeais de tout.

Le corps humain est une machine extrêmement bien faite. Non, on ne reprend pas tout le poids dans le ventre. Le poids se réparti et s’harmonise sur l’ensemble de notre corps. Il commence déjà par les organes que nous avons atrophiés en les sous alimentant … Et après la nature fait son travail.

Je sais au combien cela peut être difficile mais il faut lâcher prise, et tout ira bien …

J’ai mis plus de deux ans mais je peux dire que je me sens enfin en paix avec moi même, mon corps et mon esprit. Car l’un ne va pas sans l’autre.

C’est la première année où j’ai pu profiter sereinement des fêtes de fin d’année et profiter de mes proches. Sans prise de tête, sans penser nourriture, nourriture, nourriture..

Nous avons même fêté le nouvel an au restaurant avec un menu unique, ce qui m’aurait été complètement impossible avant.

L’équilibre alimentaire se fait sur l’ensemble de l’année, rien ne sera gâché si on profite de l’instant présent le temps d’un repas.

Flexibilité

C’est le conseil que je veux vous donner pour  tenir sur la durée. On ne supprime aucune source d’aliments (sauf si contre indication médicale) tout en s’accordant des petits plaisir quotidien et tout ira bien.

Exit les cure détox et programme détoxifiant post fêtes….

Mon plus grand souhait serait aujourd’hui de pouvoir vivre de ma passion et pouvoir aider grâce à mon certificat de naturopathe (que j’ai obtenu avec 94%) les personnes qui se trouvent dans une situation similaire à la mienne où non d’ailleurs…

Aussi, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir une famille géniale qui a su me soutenir. Mais surtout un chéri en or qui malgré nos 20 ans est resté envers et contre tout.

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