Comme pour tous les troubles dits « mentaux », d’innombrables mythes circulent au sujet des troubles alimentaires, ce qui peut mettre en danger la santé des personnes qui en souffrent et restreindre leur accès à l’aide nécessaire.

Les troubles alimentaires tels que l’anorexie, la boulimie ou encore l’hyperphagie pour les plus connus sont des maladies mentales et physiques graves mais guérissables qui peuvent survenir chez des personnes de tout âge, sexe, origine ethnique et groupe socioéconomique.

Selon les estimations mondiales, plusieurs centaines de millions de personnes souffrent d’un de ces troubles; ces chiffres étant difficilement estimables car basés sur le nombre de personnes qui suivent actuellement un traitement. On sait malheureusement que de nombreuses personnes qui y souffrent n’accèderont jamais à des soins. 

Les causes exactes de ces maladies n’ont pas encore été déterminées, mais de plus en plus de recherches suggèrent que ces difficultés résultent d’une interaction de facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et socioculturels. Cependant, la contribution de chacune de ces causes varie d’une personne à l’autre, tout comme la façon dont leur trouble se manifeste.

Comme pour les autres maladies dites mentales, un certain nombre d’idées reçues circulent sur les troubles alimentaires. Ces mythes engendrent de la stigmatisation, de la maltraitance et des préjugés, et peuvent décourager ceux qui en souffrent à demander l’aide nécessaire pour se soigner.

Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est le manuel qui catégorise, liste et décrit l’ensemble des diagnostics et critères des maladies psychiatriques et des troubles mentaux.

Cet ouvrage est élaboré avec le plus grand soin à partir de recherches approfondies et mis à jour régulièrement. C’est sur celui là que s’appuient les spécialistes pour élaborer leurs diagnostics, et pour identifier et traiter, entre autres, les troubles alimentaires.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’une personne ne répond pas exactement aux critères établis par cet outil qu’elle n’a pas un réel problème. Lorsqu’on se base sur des mots tels que « trouble », « critères », « diagnostic », etc…, nous oublions que ceux dont nous parlons sont des gens qui viennent avec leurs propres caractéristiques individuelles, leurs propres façons d’exprimer leur détresse et d’interagir avec leur monde et d’y réagir.

Chaque personne vit sa détresse psychologique différemment. Si une personne souffre légitimement ou si sa vie est affectée négativement par son comportement alimentaire, il importe peu qu’elle corresponde aux critères qui permettent de poser un diagnostic. Peu importe que vous appeliez ça un trouble ou pas. Quelqu’un qui souffre souffre quoi qu’en disent les critères et mérite de recevoir de l’aide, de se sentir mieux et de retrouver une vie épanouie.

De nombreux troubles psychologiques sont identifiés comme résultant d’une question volonté. C’est le cas pour l’alcoolisme, l’addiction aux drogues, les troubles alimentaires, …

« Tu n’as qu’à manger + / – ! »

« Il n’y a rien qui cloche chez eux. Ils essaient juste d’attirer l’attention ! »

Ces façons d’aborder la personne qui souffre mène souvent à l’isolement. Les troubles alimentaires sont de véritables problèmes. Ils peuvent parfois résulter d’une décision malencontreuse, comme celle de commencer un régime. Mais ils se transforment, à l’encontre de la volonté de la personne, en des comportements maladifs qui mettent la vie en danger.

De plus, les recherches scientifiques montrent que des facteurs génétiques et biologiques sont à prendre en considération et augmentent le risque de développer une de ces pathologies, preuve supplémentaire qu’ils ne sont pas simplement une question de volonté.

Il est courant d’entendre que les parents, et principalement la mère, sont la source des troubles alimentaires de leur enfant.
Pourtant, les recherches ont montré que ce n’est pas le cas. De nombreux rapports ont été publiés à ce sujet par de nombreuses organisations internationales telles que l’Academy for Eating Disorders, l’American Psychiatric Association et la NEDA.

Les troubles de l’alimentation ont une base biologique solide sur laquelle l’environnement de l’enfant agit. Les parents peuvent éventuellement contribuer au développement de troubles de l’alimentation en fonction des prédispositions physiologiques de l’enfant et de la manière dont les parents modèlent et gèrent les comportements liés à l’alimentation. Mais il n’y a pas un seul ensemble de règles que les parents peuvent suivre pour garantir qu’un trouble de l’alimentation ne se développe pas chez leur enfant.

Il arrive plus souvent que les parents aident leur enfant à prendre la décision de se soigner et le soutienne dans son parcours de soin. Ils peuvent aider au processus de guérison car il est clair que ceux qui bénéficient d’un soutien familial solide et dont les familles participent au processus de traitement se soignent mieux que ceux qui n’ont pas ces ressources.

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Bien que les troubles alimentaires soient plus fréquents chez les femmes, la littérature récente montre une croissance inquiétante de ces pathologies chez les hommes.

Une fois de plus, les chiffres sont sûrement sous-estimés car la stigmatisation encore plus importante pour cette catégorie de personnes a pour conséquence une demande d’aide moins importante.

Certains hobbies favoriseraient le développement des troubles alimentaires. Il s’agit notamment des loisirs liés au sport tels que la gymnastique, la course à pieds, l’aviron, l’équitation, la danse et la natation qui sont des activités qui exigent des limites de poids définis. Bien que cela affecte les deux sexes, ces activités sont plus souvent pratiquées par des hommes, bien que les femmes les pratiquent également de plus en plus.

C’est l’un des mythes les plus dangereux au sujet des troubles alimentaires. Pour souffrir d’un trouble alimentaire, il faudrait être maigre.

Malheureusement, la plupart des personnes souffrant de troubles alimentaires ne souffrent pas d’anorexie restrictive mais de boulimie ou d’hyperphagie, et ont la plupart du temps un poids dans la « normale », ce qui n’empêchent pas qu’elles aient un rapport conflictuel et dangereux avec la nourriture et avec leur corps.
Les comportements compensatoires qu’ils adoptent peuvent causer des symptômes extrêmement graves et parfois mortels comme le déséquilibre électrolytique et l’arythmie cardiaque. Une personne peut souffrir d’un trouble alimentaire, peu importe son poids et il n’est pas nécessaire d’être incroyablement mince pour que les complications médicales soient potentiellement très graves.

Les études cliniques montrent qu’un enfant peut souffrir d’un trouble alimentaire dès le plus jeune âge.

De plus, les spécialistes notent que la plupart de leurs patients indiquent souffrir de troubles alimentaires depuis bien plus tôt que lorsque leurs proches ont commencé à le remarquer.

Il est important de se rappeler que la biologie n’est pas une fatalité et qu’on peut toujours la modifier !

Par ailleurs, bien que les facteurs biologiques jouent un rôle important dans l’apparition des troubles alimentaires, ils ne sont pas les seuls. Il a été démontré que la sensibilisation de la famille et la thérapie familiale pour aider à soutenir la personne souffrant de la maladie aident, en particulier dans la prévention des rechutes. La thérapie cognitivo-comportementale, la méditation de pleine conscience, l’apprentissage des habiletés d’adaptation, la gestion des émotions et les techniques de prévention du stress se sont également révélées utiles pour traiter bon nombre des symptômes liés aux troubles alimentaires.

Parfois, une prise médicamenteuse temporaire peut être utile pour aider à réduire les symptômes émotionnels. Comme pour tout type de problème, l’intervention précoce est essentielle. Avec un traitement approprié, une guérison complète est possible.

Article de Natalie C. Frank, titulaire d’un doctorat en psychologie clinique. Son domaine de spécialisation est la pédiatrie et la médecine comportementale.

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