Décider d’entamer une prise en charge pour gérer ses troubles alimentaires n’est pas toujours facile à faire. Cela l’est d’autant moins quand on se heurte à un système médical pas toujours très souple. Voici 3 petits conseils pour vous sentir mieux dans votre prise en charge, et pouvoir vous sentir avancer.

Vous avez le droit de ne pas rentrer dans les cases

A 11 ans, j’ai été diagnostiquée anorexique. Bien que je n’aie ni dysmorphophobie, ni peur de grossir, bref, ce qui caractérise l’anorexique dans sa définition la plus commune. Simplement, il n’y avait pas de mot pour ce que je vivais alors, et au vu de mon poids et de ma difficulté à m’alimenter, cette étiquette a été la plus simple à mettre en place.

Aujourd’hui, mes troubles ont évolué, et je ne cherche plus à leur mettre une étiquette. J’ai des troubles alimentaires, que j’apprends à gérer, point. Et franchement, c’est suffisant. Il est peut-être rassurant pour certains médecins de savoir dans quelle case vous mettre, mais dans ce cas, fuyez. Vous avez le droit de ne correspondre à aucun des schémas que l’on vous a présenté, vous êtes plus qu’une simple définition, et votre trouble n’en est pas moins légitime, quel qu’il soit.

Trouver des personnes qui vous comprennent dans l’intégralité de votre mal-être et non dans ce qu’ils connaissent ou croient connaître des TCA est indispensable.

Vous n’avez pas à « porter les preuves » de votre mal-être

« Votre IMC est à 16, ce n’est pas terrible mais ça peut encore aller, ça ne justifie pas une hospitalisation, c’est un IMC de sortie pour nous vous savez. ».
Cette phrase, je l’ai entendue mot pour mot d’une psychiatre à qui je demandais une hospitalisation car la situation chez moi devenait vraiment compliquée et que je sentais que je ne tiendrais plus longtemps ainsi.
Certes, les centres spécialisés sont peu nombreux, et il est donc dans la logique des choses que ce soit les personnes le plus en danger qui accèdent à ces soins en priorité.
Mais ne laissez jamais quelqu’un vous faire croire que vous n’êtes pas assez malade, ou pas assez faible, ou pas assez quoi que ce soit. Ne vous laissez pas sombrer dans un état dramatique pour vous sentir légitime de demander de l’aide.

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Plus on attend, plus les troubles s’installent et envahissent le quotidien, vous avez le droit de demander de l’aide quel que soit le niveau de gravité de ce que vous traversez. Mieux vaut s’y prendre à temps, gérer les choses avant qu’elles n’empirent plutôt que de devoir agir dans l’urgence vitale.
De la même façon, s’il est important de rechercher ce qui a pu être l’élément déclencheur de ses TCA, le risque est de tomber dans une forme de culpabilité, à coup de « Ce n’était pas si grave »,
« D’autres personnes ont vécu pire », « Je n’avais pas à me plaindre », et j’en passe… Ne comparez pas votre souffrance à celle des autres, vous avez le droit de recevoir de l’aide, vous avez le droit d’être vulnérable, le fait que vous souffriez suffit à justifier ce besoin d’être accompagné, quelle que soit votre situation.

Vous avez le droit d’être critique vis-à-vis de votre prise en charge (et de ceux qui la font)

Les médecins sont humains (si si, je vous assure). Donc des fois, ils font des erreurs, parce qu’il n’y a pas de remède miracle. Ce n’est pas un manque de professionnalisme, mais souvent juste une volonté de bien faire qui ne s’applique pas forcément à vous (bon, j’en conviens, il existe de mauvais médecins, qui pensent avoir la science infuse et appliquent leurs formules toutes faites, mais ce n’est pas la majorité). Si vous sentez que leurs solutions ne sont pas adaptées, trop rapides ou trop lentes, prenez le temps d’en parler avec eux. Il ne s’agit pas de rejeter tout ce qu’on vous proposera, car il vous faudra évidemment sortir de votre zone de confort à un moment donné.

Mais prenez simplement conscience du fait que c’est VOTRE guérison.

Si vous sentez que quelque chose bloque vraiment, ne restez pas avec, ajustez les choses. Vous vous connaissez mieux que personne d’autre, vous seul êtes capable de vous écouter. Faites confiance à vos ressentis et discutez-en avec ceux qui vous suivent, ils ne seront pas toujours là pour vous guider, d’où l’importance de trouver ensemble des solutions. Cela n’exclut pas de se lancer des défis, mais ils doivent être à la portée de ce que vous vous sentez capables de faire actuellement.

En résumé, n’ayez pas honte de ce que vous traversez, osez dire les choses afin d’être acteur de votre guérison.

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