15h. L’heure de rien. Plus l’heure de déjeuner, pas encore l’heure de goûter.

Et pourtant, un petit sentiment de faim.

Ou l’envie soudaine de ce Kinder, qui me fait de l’œil là, dans mon placard.

Oui, mais non, ON NE MANGE PAS UN KINDER A 15h.

D’ailleurs, est-ce que c’est bien de manger un Kinder, tout court, quelle que soit l’heure ?

Eh ben oui, avec mes troubles alimentaires, j’ai mis les aliments dans des cases.

Bon, pas bon.

Sain, pas sain. Junk food, sucre, matières grasses. Bouh, le diable !

Fruits, légumes, éventuellement huile d’olive. Wahoo sain, bon !

Bref, voilà, il est 15h, j’ai envie de chocolat, et ma tête tourne en rond.

Et là, sans que je comprenne ce qu’il s’est passé dans mon esprit, alors que ma petite voix malade me disait non, ma voix saine a pris le dessus et a dit à l’autre

Eh, regarde-moi bien, parce que ce Kinder, non seulement je vais le manger – en entier, et pas qu’une petite barre – et en plus, je vais l’apprécier. 

Ce que j’ai fait.

En rangeant les aliments dans des cases, vous vous mettez vous même dans une case. Au plus profond de mon trouble, ce que je mangeais était déterminant de l’image que j’avais de moi.

Manger un aliment que je considérais comme bon me permettait d’avoir une meilleure estime de moi, de mon corps, de ma valeur personnelle. Je me sentais comme plus pure.

Et non seulement, je me jugeais moi-même, mais je me sentais bien supérieure à ceux qui « craquaient » pour cet hamburger, ces chouquettes ramenées par les collègues. Je les trouvais sans volonté.

Mais euh… En fait, qui m’a dit qu’ils avaient un objectif ?

Oui, je l’admets, mon trouble alimentaire m’a rendue arrogante et prétentieuse.

Sauf qu’en fait, au fond, je les enviais. D’être si souple, si gourmands. Si « jemenfoutistes », si détachés.

Ce Kinder, aussi « malsain » puisse-t-il être aux yeux de certains diktats de la société. Oh, qu’est-ce qu’il est sain pour moi…

Ce qui est malsain, ça n’a JAMAIS été ce Kinder. Ce qui est malsain, c’est votre trouble alimentaire. C’est d’être INCAPABLE de manger ce Kinder. C’est d’en être malade. C’est de se sentir gros à la seconde où vous l’avez terminé. D’avoir l’impression que vos jambes vous picotent. Regarder combien de calories vous venez de manger. Vous peser dès que vous l’avez terminé. Un Kinder n’a jamais mangé personne. Ah ah ah.

Ça vous paraît pathétique de vous dire que ma victoire de ce mois a été de manger un Kinder ?

Oh si vous saviez comme j’en suis fière, et quelle victoire monumentale j’en retire.

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En mangeant ce Kinder, mon cœur palpitait, plein de pensées contradictoires m’ont assaillie. Mais vous savez quoi ? Je n’en suis pas morte. Le sentiment d’anxiété s’est petit à petit étouffé, je savourais ce Kinder, bouchée après bouchée, et je pensais à vous, avec qui j’allais partager cette victoire.

Mangez ce Kinder, avec le sourire !

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