Je ne sais pas trop comment tout cela a commencé, cela a été un enchainement de mauvais coup du sort, de mauvais choix que j’ai pu faire, de mauvaises rencontres, j’étais jeune, insouciante … et aujourd’hui j’ai perdu 7 ans de ma vie pour tout cela, 7 ans où je me suis interdit d’être heureuse, interdit d’en avoir le droit, de mériter de vivre, de prendre du plaisir.

7 ans d’autodestruction.

On parle d’anorexie, de vouloir être maigre, de vomissement, mais chaque cas est différent.

Je n’ai jamais vraiment voulu être maigre, je n’ai jamais vomi. Ce que je voulais, c’était me faire souffrir, me faire payer ces mauvais choix. J’ai renié mon corps, sale, par toutes ces choses.

Je ne me suis jamais fait vomir. Je me suis interdit tout plaisir.

Et dans cette autodestruction, j’ai trouvé une routine, un moyen d’exister au travers des yeux des gens par la détresse. J’existais dans la pitié des autres, et enfin j’ai eu cette reconnaissance, je voulais qu’on comprenne ma douleur, mais je n’ai jamais réellement pu poser des mots sur les faits qui m’ont amené à faire cela avant l’été précédent, mon début de réelle guérison.

Réelle guérison à prendre au sens large.

Oui, aujourd’hui je mange toutes les semaines au restaurant pour mon travail, oui j’ai repris un poids tout à fait normal, mais je garde certains toc alimentaires que même le temps n’arrivera sûrement pas à totalement effacer.

[conférences]

Tant pis, aujourd’hui je suis heureuse, et rien ne m’empêchera plus de croire en moi.

Mais revenons-en un peu plus en arrière, il y a 7 ans…

J’ai commencé à me sous-alimenter, je ne mangeais plus à la cantine du Lycée, je prétextais à mes amis que je mangeais avec ma mère… En fait, j’allais me réfugier dans un petit coupe gorge étroit, et tout en haut de cette ruelle, je m’installais sur les remparts de ma ville, et j’attendais que la faim passe.

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Plus les jours passaient, plus la faim disparaissait…

Cette faim que je n’ai récupérée que 6 ans plus tard …

Ma mère pensait le soir que je faisais juste attention, car dans la famille on a tendance à avoir un peu de ventre, a faire quelques écarts et petits régimes ratés.

Je n’ai pas raté pour ma part … Je n’ai pas échoué, j’étais déterminée à ne plus jamais craquer devant de la nourriture qui salirait mon corps encore plus …

Les jours ont passé, les kilos ont baissé…

Ma mère a fini par m’emmener chez le médecin, j’étais devenue violente, et maigre … il m’a posé un ultimatum… Que je n’ai pas accepté.

J’ai fui lorsqu’il a fallu m’emmener à l’hôpital, j’ai réussi à convaincre ma mère, mais pas mon père.

Mon père qui chaque nuit sans que je le sache venait vérifier si je respirai encore pendant de long mois, lui qui était si froid le jour levé … mon ange gardien.

Si je suis encore ici, c’est grâce à lui en partie, il m’a tiré de force vers l’hôpital… Je pesais à ce moment 26 kilos pour 1m54.

On m’a enfermée dans cet hôpital durant l’été … L’été le plus dur de ma vie … enfermée sous contrat de poids, on m’a tout retiré, avec des récompenses à chaque pallier de kilos pris… Plus de contact avec l’extérieur, pas de nouvelles de mes parents, pas de tv , rien… Seule face à moi-même.

J’ai tenté longtemps de me révolter… Mais rien. J’étais seule, enfermée face à eux, ils avaient tous les pouvoirs sur moi, comme un chien que l’on ru de coups. Ils m’apportaient parfois mes repas froids, et me disaient sèchement : « non, on sait que tu veux les réchauffer au micro-onde pour faire baisser les calories, soit tu manges ça, soit tu vas encore maigrir et tu ne sortiras jamais » …

De la torture psychologique à laquelle j’ai fini par me résigner, après tous mes efforts pour jeter ma nourriture dans les toilettes, j’ai fini par accepter de me réalimenter, sous le coup du chantage…

Mais mon poids ne reprenait pas assez vite, voir chutait…

Et il est arrivé ce fameux jour où le médecin a contacté mes parents … pour leur annoncer qu’il ne savait plus quoi faire, que leur fille allait mourir, qu’il n’y avait plus rien à faire, à part peux être si j’acceptai … la sonde naso-gastrique

J’ai hésité quelques heures, le fait de s’imaginer gavée comme une oie la nuit ne me plaisait pas …

Mais il en allait de ma survie.

Au fond, est-ce que je voulais vraiment mourir ? Est-ce que je n’avais pas assez fait souffrir ma famille ?

J’ai accepté, à une condition, que l’on me retire la sonde la journée (incluant aussi la tige dans le nez) mais jour après jour mes narines se sont irritées et ils ont du me laisser cet instrument me rendre encore plus monstrueuse chaque matin devant le miroir, et prendre conscience de ma détresse …

Petit à petit, j’ai repris les kilos, et j’ai fini par sortir après la rentrée en ayant suivi quelques cours à l’hôpital, ce qui m’a permis de ne jamais redoubler, mais au prix sûrement d’une mauvaise guérison.

Car en effet, j’ai réintégré mon chez moi avec mes parents au mois d’octobre, pour mon anniversaire, entre temps j’avais pu sortir 2 week-end et mon père était venu me voir, la séparation à l’hôpital est très dure… J’ai déjà tenté en pleine nuit, alors que l’infirmière avait oublié de m’enfermer, de me glisser dans le couloir sans bruit pour aller téléphoner à ma famille. Dès que j’ai entendu le son de la voix de ma mère, je n’ai pas pu parler, la gorge resserrée, j’ai raccroché et je suis retourné dans ma chambre …

En sortant, malheureusement, je n’avais qu’une envie… me venger.

J’ai donc reperdu petit à petit … J’ai vu des psy, pris des antidépresseurs et neuroleptiques, j’ai été en hôpital de jour, en CMP, pendant plusieurs mois, j’ai cru ne jamais en sortir, dans ces institutions où l’on tente de te rendre fou, qu’on te susurre à l’oreille ton futur de prisonnière démoniaque, je n’ai jamais voulu être mauvaise, l’anorexique ment, oui, mais je ne voulais pas, je n’ai jamais voulu être méchante, mon esprit avait changé, je ne me contrôlais plus, j’étais formatée dans un nouveau mode de pensées, dans lequel je m’enfermais et me tuais à petit feu .. On m’a enfermée encore, on m’a attachée à mon lit pour me calmer quand je voulais sortir par la force, on a renvoyé mes parents la seule fois où ils sont venus me voir, à 1h de route, au bout de 20 secondes, car je leur ai dit la vérité sur ma condition…

Je ne critique en rien la prise en charge dans les établissements de santé, j’ai juste eu des difficultés, ou encore ce coup du sort…

Le psy a fini par demander à mes parents de me faire vivre ailleurs, loin d’eux pour que je n’utilise plus leur regard comme spectateur et que je mange pour moi. J’ai donc logé dans le garage d’une vieille dame plusieurs mois, avec qui j’ai créé des liens.

Je suis partie ensuite faire mes études en prépa à Angers, seule dans une grande ville, j’ai été prise peu de temps en charge avant de tout arrêter et vivre sur mes dernières ressources tout ce temps.

Avec d’autres étudiants qui ne pensaient qu’à me faire payer pour être ce que je suis et me faire abandonner.

Encore 3 ans avec des hauts et des bas, j’ai eu mon premier vrai copain, mais aussi les réseaux sociaux qui m’ont fait perdre pieds et retomber dans mes travers … Ainsi qu’une période de boulimie qui est le pendant de l’anorexique où j’ai repris encore 10 kilos, ce qui m’a amenée à me dégouter encore une fois, et rechuter.

J’ai fui tout cela pour faire mon école de Commerce sur Paris.

La routine, le fait d’être seule encore, les promesses répétées à mes parents, le refus du suivi médical m’a encore fait vivre dans ce corps, oscillant entre 30 et 32 kilos pendant 3 ans …

En 2ème année d’école de commerce, j’ai fait une période de stage en Italie, seule dans une famille d’accueil qui m’a beaucoup soutenue et résonnée.

Cela m’a aidée dans mon processus de vivre loin de chez moi, de mon confort, m’adapter aux autres.

Et après l’école, j’ai eu un déclic, MON déclic.

Déjà, j’ai décidé de reprendre le sport et de partager les kilos à prendre entre kilos de gras et kilos de muscle pour mieux accepter.

J’ai eu un coach qui m’a énormément aidée sur tout les points de vue, en y allant petit à petit, sans me mettre en danger.

Je ne le remercierai jamais assez, il ma sauvé la vie, après avoir perdu tous mes amis, il était la personne sur qui je pouvais compter chaque jour, chaque séance m’a permis de me renforcer mentalement et physiquement, me faire sortir de ma bulle.

Et il y a eu cette fameuse phrase qui a scellé mon sort et m’a permis de remonter la pente.

Un soir, au téléphone, encore une fois avec ma mère entrain de maudire mon sort, de pleurer sur mon sort au lieu d’agir, au moment de raccrocher, je lui ai dit encore une fois : « je vais y arriver ».

Elle ma répondu : « après 6 ans, cela fait bien longtemps que ton père et moi on a arrêté d’y croire ».

Ce fut l’écroulement de mon monde, j’ai raccroché et je me suis butée à une chose : leur prouver qu’ils avaient tort.

Seule, mais déterminée, j’ai décidé d’enclencher enfin le processus, de supprimer les barrières fixées par ma balance alimentaire, et petit à petit, défi par défi, j’ai décidé que chaque pas en avant cette fois-ci ne devait pas se solder par 3 pas en arrière. Aidée de phrases et citations tous les jours, j’ai réussi à m’endoctriner vers le meilleur de moi-même. J’ai repris kilo après kilo, seulement suivi par ma médecin qui me donnait des objectifs 1 fois par mois, j’étais libre de choisir COMMENT j’allais guérir, et je l’ai fait.

Il ne faut jamais perdre espoir, avec de la détermination, l’envie et la persévérance chaque objectif est atteignable à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais.

Je ne remercierai jamais assez ma famille, car ils ont toujours été là, même dans les moments les plus sombres, même quand je leur criai dessus, même quand il m’est arrivé de les insulter. Je regrette tellement, j’ai fait souffrir tellement de gens … Mon petit frère qui n’a pas pu avoir ses parents présents car j’étais au centre de toutes les discussions, petit frère pardonne-moi, je les aime tellement.

Si vous aimez vos proches, arrêtez ce combat vers la mort qui n’en vaut pas la peine, vous ne faites pas souffrir que votre corps, votre âme, mais aussi tous ceux qui vous ont donné la vie, vous ont élevé, vous on aimé à n’en plus pouvoir.

Méritent-ils cela ? Ne méritez-vous d’être heureuse ? de reprendre votre vie en main maintenant ?

Voulez vous finir à 40 ans seul ? Malade ? A avoir perdu la seule vie que vous avez ?

Si je peux donner l’exemple alors, je veux aider, je veux donner tout ce j’ai pour que cette maladie ne prenne plus de vie inutilement …

C’est un message d’espoir.

Aujourd’hui, j’ai obtenu mon diplôme, j’ai décroché un CDI, j’ai un homme dans ma vie, j’ai ma famille toujours présente, j’ai des amis et plus que tout je revis. Ou plutôt, enfin, je vis.

Et tout cela n’aurait jamais été imaginable il y a encore quelques mois, alors, oui, la roue tourne, ne vous enfermez plus dans votre bulle, et ainsi le changement s’opérera et je vous promets que ce changement ne peut aller que vers le mieux, le sourire reviendra, ce sourire sans creux dans les joues, ce sourire sincère comblera votre monde et donnera un sens à votre vie

Dépassez ses peurs, c’est compliqué, mais c’est faisable.

Je pensai ne jamais remanger certaines choses mais c’est dans la tête et Dieu sait que j’ai pu le nier des années. Ce sont les faits, rien n’est impossible je vous le répète. Battez-vous, vous en avez la force, vous seul êtes maitre de vos actes et de votre corps.

Et quand vous avez peur de faiblir, rappelez-vous tout ce que vous avez déjà traversé et dites-vous que vous ne voulez pas tout avoir à recommencer.

Finalement, après c’est 7 ans et en repensant à tout cela, je réalise que je n’ai rien perdu, non, j’ai appris et je pense que cette expérience m’a murie et permis d’être celle que je suis aujourd’hui.

Plus tard, il sera trop tard, la vie c’est maintenant, vous ne voulez pas mourir en étant comme ça, en n’ayant pas profité comme les autres de la vie que vous pouvez rendre meilleure ! Personne ne veut ça au fond.

Si tu essaies, tu as une chance de retomber, oui, mais si tu ne fais rien, tu resteras là toute ta vie, dans ce statu-quo et cette parenthèse d’existence.

Dis-toi, comme je me suis dit, que tu le mérites, d’être heureuse et retrouver la paix avec toi-même. J’ai trouvé cette paix, j’ai tourné la page, je n’oublie pas, j’avance, et je souhaite à tous ceux qui souffrent de réussir leur combat.

La bataille est dure, mais la victoire est bien réelle.

Rien n’est jamais perdu tant que l’espoir et une lueur de vie battent encore en vous.

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