Sucre, matières grasses, produits transformés, féculents… Autant d’aliments qui sont susceptibles d’effrayer une personne qui souffre de troubles alimentaires, à des degrés différents selon les personnes.

Certaines ont peur de prendre une portion normale de féculents mais pourront prendre un muffin en dessert.

D’autres, au contraire, construisent leur repas de manière équilibrée mais ne s’autorisent aucun écart « non sain ».

Pourtant dans un cas comme dans l’autre, la situation n’est pas satisfaisante.

Aucune classe d’aliment ne doit être diabolisée.

A quantité raisonnable, aucune n’est néfaste ni ne fait grossir.

Ce débat n’apparaît pas au moment fort de l’anorexie, lorsque le rejet de nourriture et le refus de s’alimenter sont au plus fort. L’enjeu à ce moment-là sera d’augmenter les quantités, les rations, l’apport calorique.

Mais cette question devient centrale dans un second temps, lorsqu’on entame la guérison, et peut perdurer quand on s’estime guérie.

La plupart des personnes qui reprennent du poids souhaitent au début le faire « le plus sainement possible », en contrôlant les apports de lipides, de glucides et de protéines de leurs aliments.

Cependant pour pouvoir guérir entièrement de l’anorexie, manger assez ne suffit pas.

Il faut, plutôt que manger sain, retrouver un rapport sain avec la nourriture.

Personnellement, ce qui me faisait le plus peur – et l’emploi de l’imparfait est malheureusement légèrement abusif – c’était, dans l’ordre décroissant : la matière grasse, le sucre, les féculents.

Quand j’ai décidé de guérir, j’ai donc essayé de travailler sur ces catégories-là, pour ne pas me créer d’aliments diaboliques.

J’ai commencé par ajouter 30g de pâtes à mes poêlées de légumes, le midi.

Puis un peu plus. Puis encore un peu plus, quand je me rendais compte que non, je ne grossissais pas à chaque augmentation de féculents.

J’ai alors accepté de manger des féculents le soir. Je n’ai pas grossi. J’ai seulement arrêté de me réveiller tôt avec le ventre creux qui me faisait mal.

Et s’en est suivi un cercle vertueux : je n’avais plus mal au ventre, je pouvais manger plus facilement.

J’ai ressenti une nouvelle énergie. Je n’étais plus épuisée à chaque effort, je n’avais plus la tête qui tournait au réveil.

100 exemples de repas complets pour retrouver des repères et reprendre goût à l’alimentation

J’ai ensuite accepté que mon copain mette l’huile d’olive dans la poêle, puis de manger des biscuits « industriels ».

Au fur et à mesure, mon corps s’est habitué et j’ai renoué avec la sensation de faim, ce qui m’a aidé à augmenter les portions de féculents, car c’était plus facile d’accepter de manger des pâtes ou du riz quand j’avais faim.

Aujourd’hui j’ai réussi à dédiaboliser toutes les classes d’aliments, dans le sens où je ne m’interdis plus rien, même si je mange toujours peu de produits transformés.

J’aime en effet cuisiner maison, réaliser mes propres pâtes à tarte, plutôt que d’en acheter. Je trouve que c’est également plus économique.

Mais l’important pour moi est de ne pas être dans l’excès. Oui, je préfère manger un plat fait maison, mais je ne veux plus refuser si je ne connais pas 100% de ses aliments.

Je veux que ce soient mes goûts qui guident mes choix plutôt qu’un reste de l’anorexie, qui ne supporte pas s’il y a des matières grasses cachées.

Egalement, je ne veux plus avoir à refuser des invitations à cause de l’anorexie. Socialement, c’est une maladie qui exclut.

En effet, de très nombreuses invitations entre amis ou à deux se font autour d’un repas, car il s’agit d’un moment convivial.

Mais la sacralisation de tous les repas m’a poussée à refuser parce que je ne voulais pas prendre le risque d’être déçue et donc d’avoir l’impression de gâcher des « calories inutiles ».

Aujourd’hui j’apprends à désacraliser mes repas.

C’est un long travail mais je pense que c’est l’une des dernières étapes à franchir pour retrouver un rapport sain avec la nourriture.

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