Encore un réveil avec cette horrible douleur.

Je n’arrive pas à croire que j’en sois encore là. Prendre un bain, essayer de diffuser la douleur. J’ai l’impression que mon cœur va lâcher.

En plus, demain j’ai mes partiels, mais je suis incapable de réviser. Peut-être même que je serai morte d’ici là.

Ah voilà ! Enfin, la libération.

Vide, me voilà vide. Je peux à nouveau respirer, me rendormir. Mon corps s’effondre.

J’ai écrit ces lignes le 26 juin 2017.

C’était la dernière fois que j’ai pris des laxatifs. Il y a exactement 230 jours.

Je me souviens exactement de ma première fois.

Aujourd’hui, j’en parle comme une camée, addicte à une drogue dont il est difficile de se passer.

C’était en 2013, je me suis réveillée complètement mal après une énième nuit de crise de boulimie. J’étais dégoutée de moi-même, écoeurée, le ventre en vrac, la tête ailleurs, submergée de désespoir, je voulais ne plus rien sentir, me libérer, me vider.

Vider cette lourdeur, cette douleur.

Je me suis extirpée de mon lit, tant bien que mal, et je me suis rendue à la première pharmacie. Et j’ai acheté ma première boite de 10 cachets.

J’en ai pris un. Quelques heures plus tard, je me tordais les boyaux, me jurant de ne plus jamais en reprendre, de ne plus faire de crises, de ne plus me mettre dans des situations qui me contraindraient à reprendre.

Mais Ô, quel soulagement.

Exit les boyaux en feu, Hello la sensation si agréable de vide… 10, 20, 50… Le combo boulimie – laxatif était lancé. Impossible de m’arrêter.

J’avais totalement perdu le contrôle, et dès que j’essayais d’arrêter, les douleurs étaient si intenses que je revenais vite à ma solution de soulagement. Une droguée je vous dis.

Et puis un jour, tellement désespérée, j’ai tout lâché.

J’en ai parlé à mes médecins.

Ils n’étaient pas dupes, mais m’ont dit qu’ils attendaient que la démarche vienne de moi. Ne pas faire boire un âne qui n’a pas soif…

Petit à petit, ils m’ont aidée à mettre en place des solutions pour combattre mes pulsions, espacer les prises de laxatifs.

Et puis un jour, ce jour, aujourd’hui, je réalise que je suis abstinente depuis 230 jours…

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Si j’y suis arrivée, vous le pouvez aussi. Parlez-en, vous n’êtes pas seul, mais vous avez besoin d’aide.

Bon courage à tous.

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